Sétif ne veut pas, affirment avec assurance des acteurs de son développement, dormir sur ses lauriers en s'en tenant à sa réputation, justifiée, de wilaya de bâtisseurs. La région des hautes plaines sétifiennes entend bien relever d'autres défis et se mettre à l'avant-garde du nouveau challenge de l'Algérie, celui, en l'occurrence, de diversifier l'économie et de sortir de la "pétro-dépendance". La wilaya de Sétif, où le premier ministre, Abdelmalek Sellal, effectuera une visite de travail samedi, veut avant tout, et c'est une priorité, retrouver son statut de grenier de l'Algérie en se tournant à nouveau, et plus résolument, vers la terre, plus particulièrement vers la céréaliculture. Une terre si féconde, si généreuse sur laquelle les colons français se ruèrent comme des morts de faim quelques années seulement après l'occupation de l'Algérie. Une terre si fertile qui "arrosa" la France, des décennies durant, de dizaines et de dizaines de milliers de tonnes de "Beliouni" et de "Mohamed El Bachir", les variétés de blé dur les plus prisées. Un colon du nom d'Audureau y spolia, d'ailleurs, avec sa famille, près de 160 hectares du côté de Bousselam avant de fonder une minoterie qu'il affubla sans vergogne du slogan "chaque pays a son drapeau et l'Algérie les pâtes Audureau". "Aujourd'hui que nous avons chassé tous les Audureau, il est de notre devoir de nous montrer digne de cette terre, de ce don de Dieu dont nous nous sommes quelquefois détournés", lance, quelque peu amer, Sebti Sedadka, un fellah d'une soixantaine d'années dont le père a passé une partie de sa jeunesse à ensacher des spaghettis Audureau. En fait, le postulat de Sebti n'est plus un voeu pieux. Son appel a été reçu 5 sur 5 il y a quelques années déjà, lorsque le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait officiellement lancé ce qui est considéré comme le projet du siècle à Sétif : les grands transferts des hautes plaines sétifiennes. Un projet de plus d'un milliard de dollars destiné, en plus de l'approvisionnement des populations en eau potable, à irriguer 40.000 hectares de terres agricoles supplémentaires, essentiellement céréalières. La pose de la première pierre, samedi, par le premier ministre, d'un périmètre irrigué de près de 9.320 hectares, fruit d'un investissement public de près de 10 milliards de dinars, à partir du barrage de Mahouane (un ouvrage de stockage construit dans le cadre des grands transferts), est édifiant quant à la volonté de l'Etat de faire refleurir "Mohamed El-Bachir". La nouvelle impulsion donnée aux investissements industriels publics et privés (M. Sellal inspectera le projet d'extension de la cimenterie d'Ain El Kebira et inaugurera pas moins de cinq usines privées), aux travaux publics, à l'habitat, à la santé, au tourisme, au transport (le chantier du tramway bat son plein) et à l'énergie, pour ne citer que ces secteurs, édifient quant à la détermination de cette wilaya de près de 2 millions d'habitants (seconde du pays au plan démographique) de continuer à jouer son rôle de locomotive du développement de toute la région des Hauts plateaux.