L'adoption d'une approche historique dans l'enseignement des mathématiques, de la physique et de la biologie a été recommandée lors d'une rencontre organisée jeudi au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC) à Oran. Introduire l'enseignement de l'histoire des sciences, notamment des mathématiques, de la physique et de la biologie, est une voie vers un enseignement de "qualité permettant de développer une culture scientifique et d'apprendre à enseigner les sciences de manière plus efficace", ont souligné les participants à cette rencontre abordant le thème "Approche historique dans l'enseignement des mathématiques, de la physique et de la biologie". L'enseignement des sciences, notamment les mathématiques et de la physique "pose problème à partir du collège et ses répercussions sont ressenties à l'université", a-t-on fait remarquer. Pour les participants, les causes de cette situation sont à rechercher du côté de la conception même de l'enseignement des sciences, d'où la nécessité du recours à l'éclairage historique. "Une approche historique peut avoir un double impact: épistémologique, dans la mesure où le savoir à enseigner prend sens grâce à un contexte que peut fournir l'histoire, et didactique dans la mesure où l'enseignant peut dégager une pratique pédagogique privilégiant la résolution des problèmes au lieu des aspects formels sans lien avec la finalité du concept à enseigner", a-t-on soutenu. Pour l'enseignant Bennaceur Benaouda de l'Université d'Oran 1, les pratiques d'enseignement négligent, en général et souvent par ignorance, les obstacles propres au savoir lui-même, appelés obstacles épistémologiques et aussi ceux crées par une certaine façon d'enseigner (pédagogie de l'enseignant) appelés obstacles didactiques. L'histoire d'un concept est intimement liée à la problématique qui lui a donné naissance et sa signification est alors éclairée sur le plan épistémologique, a-t-il affirmé, ajoutant que l'histoire peut fournir à l'enseignant des éléments qui peuvent rendre son enseignement vivant et attractif et favoriser en classe une activité scientifique à la portée de l'enseigné. A titre indicatif, le chercheur recommande, dans le cadre de l'enseignement des mathématiques, les documents historiques de mathématiciens arabes du Xème siècle de l'envergure de Abu al Wafa et Ibn Sinan "qui peuvent remplir une double vocation, situer une problématique et permettre une approche pédagogique". Sa collègue de l'Université d'Oran 1, Hassani Zahra a indiqué que "l'enseignant ne sait pas toujours qu'un certain nombre de questions qu'il se pose peuvent être éclairées par une perspective historique". "Le développement mental et l'élaboration des concepts sont liés à l'idée d'un progrès, d'une évolution dans le temps", a-t-elle souligné. Dans ce contexte, Wahiba Benaboura de l'Université "Hassiba Ben Bouali" de Chlef trouve que l'introduction de l'histoire des sciences de la civilisation arabe est "une voie vers un enseignement de qualité, permettant de développer une culture scientifique et d'apprendre à enseigner autrement les sciences, notamment l'histoire des sciences biologiques et médicales". Les écrits des grands médecins et philosophes de la civilisation arabo-musulmane tiennent une place importante, estime-t-on. Leurs textes ont transmis à l'Occident tout l'héritage des connaissances concernant la vie des êtres vivants accumulés depuis l'antiquité, a-t-elle rappelé. La chercheuse du CRASC, Aïcha Benamar a estimé, pour sa part, que se tourner vers le passé permet de trouver l'origine des connaissances que l'enseignant est chargé de transmettre et de percevoir le processus d'élaboration.