Soixante dix pour cent (70) des bénéficiaires de l'hospitalisation à domicile appartiennent à la catégorie des personnes âgées, a indiqué le Pr. Mansour Brouri, chef de service de médecine interne à l'Etablissement public hospitalier de Birtraria Djilali Belkhenchir (Alger). Les personnes âgées, qui présentent souvent de maladies chroniques nécessitent une prise en charge à domicile, mais ce type de soins "ne peut en aucun cas remplacer" la prise en charge de cette catégorie dans des établissements spécialisés, a précisé M. Brouri, dont l'établissement avait crée l'unité d'hospitalisation à domicile en 1999. Apres avoir passé en revue les différentes étapes de la création de cette unité qui concernait au début les communes d'El-Biar et de Bouzaréah, le spécialiste a dit que l'opréation a été élargie à d'autres communes, en dépit du déficit en matière d'effectifs paramédicaux et de moyens, et malgré les embouteillages qui caractérisent la ville d'Alger. Il a regretté l'absence d'autres unités chargées de l'hospitalisation à domicile à Alger, ville qui compte le plus grand nombre d'habitants, soulignant qu'une seule unité ne pourrait répondre au nombre important de demandes qui lui parviennent. Mais pour le spécialiste, même si les activités de l'unité d'hospitalisation à domicile sont étendues à d'autres régions, ce type de soins ne garantit pas "une aussi bonne prise en charge" des maladies qui touchent les personnes âgées présentant des maladies chroniques (diabète, maladies cardiovasculaires et hypertension artérielle) que celle assurée par les établissements spécialisés. Il a appelé à cet effet les autorités publiques à envisager à l'avenir l'ouverture de ces établissements spécialisés, qu'il qualifie de "nécessaires", en raison de l'augmentation croissante du nombre de personnes âgées en Algérie (7% actuellement). En vue d'encourager ce type d'activité au sein de la société algérienne, Pr. Brouri a souligné la nécessité de mettre en place les cadres juridiques nécessaires et de coordonner les efforts du personnel en charge de cette opération, afin de créer une fédération, à l'instar de ce qui est en vigueur dans les pays développés. Inscrire le développement des soins à domicile dans les grandes reformes du secteur Par ailleurs, le directeur des établissements publics de santé de proximité au ministère de la santé, de la population et de la reforme hospitalière, Dr. Fawzi Benachenhou a indiqué que le développement des soins à domicile devrait s'inscrire dans "le cadre des grandes réformes du secteur". Le développement des soins à domicile est devenu "un impératif" imposé par la phase de transition de la situation épidémiologique du pays et l'apparition de maladies chroniques, outre l'augmentation du nombre des personnes âgées, en raison de l'amélioration des conditions de vie du citoyen. Ces soins s'inscrivent dans le cadre des prestations de proximité, codifiées récemment par le ministère, à l'instar de la télémédecine, le jumelage entre les grands CHU au nord du pays et les hôpitaux des wilayas des Hauts Plateaux et du Sud, qui a permis de prendre en charge un nombre important des citoyens de ces régions qui souffrent d'un grand manque en médecins spécialistes. Cette nouvelle expérience de soins à domicile contribue à la prise en charge des catégories dans l'incapacité de séjourner à l'hôpital, en leur permettant de rester au sein de leur famille qui participe également à leur prodiguer les soins nécessaires, aux cotés d'équipes médicales mobiles. M. Miloud Keddar, expert en économie sanitaire a souligné que l'hospitalisation à domicile permettait au trésor public de réaliser une économie de frais allant entre 20 et 80% par rapport à l'hospitalisation traditionnelle et quotidienne. Si l'hospitalisation à domicile permet de rapprocher le secteur de la santé du citoyen notamment les catégories vulnérables, elle contribue à garder le patient au sein de sa famille et de lui prodiguer les soins nécessaires, a précisé l'expert.