Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH) a déploré mardi le contretemps subi par une mission de trois experts indépendants chargés d'enquêter sur les violations et abus commis récemment au Burundi, appelant les autorités de ce pays à leur accorder sans tarder des visas. Conformément à une résolution du Conseil des droits de l'homme de l'ONU du 17 décembre dernier, le HCDH "a mis sur pied une équipe constituée de deux rapporteurs spéciaux et d'un membre de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples", a déclaré une porte-parole du HCDH, Cécile Pouilly, lors d'un point de presse à Genève. Ces experts ont été mandatés pour "enquêter sans retard sur les violations des droits de l'homme et abus commis au Burundi, faire des recommandations afin d'améliorer la situation en matière de droits humains et ouvrir un dialogue avec les autorités et d'autres acteurs pertinents sur la crise actuelle", a-t-elle ajouté. Etant donné "la détérioration rapide de la situation des droits de l'homme au Burundi" et la demande du Conseil des droits de l'homme de recevoir un compte-rendu oral de la situation lors de sa prochaine session en mars, le Haut-Commissaire avait demandé au gouvernement du Burundi d'autoriser l'équipe d'experts à commencer sa première mission au Burundi lundi 25 janvier. "Mais l'équipe n'a pas été en mesure de se déployer, du fait de l'absence de réponse des autorités burundaises jusqu'à présent", a affirmé la porte-parole. "Nous regrettons ce retard et craignons qu'il n'entrave la capacité de l'équipe d'experts à s'acquitter de son mandat et à soumettre son rapport au Conseil de manière appropriée et dans les délais voulus. Nous espérons que les autorités burundaises prendront toutes les mesures nécessaires, y compris l'octroi de visas, afin de permettre le déploiement rapide des experts sur le terrain", a-t-elle conclu. Les trois experts sont Christof Heyns, Rapporteur spécial de l'ONU sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires, Maya Sahli Fadel, membre de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples et Rapporteuse spéciale de cette Commission sur les réfugiés, demandeurs d'asile, personnes déplacées internes et migrants , et Pablo de Greiff, Rapporteur spécial de l'ONU sur la promotion de la vérité, de la justice, de la réparation et des garanties de non-répétition. Une délégation du Conseil de sécurité a achevé vendredi dernier une visite à Bujumbura, la capitale du Burundi, au cours de laquelle elle a encouragé tous les acteurs politiques à mettre fin à la crise que traverse le pays. Cette mission du Conseil de sécurité intervenait alors que le HCDH a dénoncé mi-janvier de nouvelles vagues de violations des droits de l'homme dans le pays. Le HCDH a demandé l'ouverture d'une enquête sur les événements qui se sont produits à Bujumbura, les 11 et 12 décembre 2015, y compris sur les allégations selon lesquelles au moins neuf charniers existeraient dans la ville et ses environs. Le Burundi traverse une grave crise politique depuis que le Président Pierre Nkurunziza a pris la décision de solliciter un troisième mandat présidentiel l'an dernier. Depuis lors, au moins 400 personnes ont été tuées, et ce bilan pourrait en fait être beaucoup plus lourd. Environ 220.000 personnes ont cherché refuge dans les pays voisins et des milliers d'autres sont déplacées à l'intérieur du pays.