Le Conseil de sécurité de l'ONU doit se réunir jeudi au lendemain de la victoire aux législatives du parti au pouvoir au Burundi, secoué par une profonde crise politique depuis l'annonce contreversée du chef de l'Etat Pierre Nkurunziza de sa candidature à la prochaine présidentielle,dont la communauté internationale réclame le report. Les 15 membre du conseil de sécurité, qui avaient préalablement décidé de s'en remettre, pour traiter cette crise, aux instances régionales comme l'Union africaine et la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC), doivent se réunir pour faire le point sur la Mission électorale de l'ONU dans le pays au lendemain de la victoire du parti au pouvoir (CNDD-FDD) aux législatives. Le CNDD-FDD a obtenu 77 des 100 sièges à l'Assemblée nationale, selon la Commission électorale nationale indépendante (Céni). L'ONU avait estimé jeudi que les législatives et communales de lundi au Burundi se sont déroulées "dans un environnement qui n'était pas propice à la tenue d'un scrutin libre, crédible et fédérateur". Dans ses "conclusions préliminaires", la Mission d'observation électorale de l'ONU relève en particulier "un climat de peur et d'intimidation" et des violences à Bujumbura, avant et pendant les élections. "Les libertés fondamentales de participation, d'assemblée, d'expression, d'opinion et d'information ont souffert de restrictions croissantes pendant la compagne électorale", notent les observateurs de l'ONU. "Des épisodes de violence et des explosions ont précédé et parfois accompagné le scrutin". La Mission d'observation, déployée à partir du 1er janvier dernier, indique "avoir observé des restrictions à la liberté de la presse et des violations de droits de l'Homme et d'autres libertés fondamentales". Selon le rapport de neuf pages, seuls le parti au pouvoir et ses alliés ont été en mesure de mener campagne dans l'ensemble du pays, les partis d'opposition étant "beaucoup moins visibles". En raison des entraves à la liberté de la presse, ajoute la Mission, "la couverture de la campagne a été essentiellement centrée sur les activités du parti au pouvoir". Néanmoins, le gouvernement burundais s'est félicité de la tenue des législatives et communales "dans le calme", assurant que le prochain scrutin présidentiel se tiendra dans les mêmes conditions. Dans l'attente de la Présidentielle La présidentielle burundaise est la prochaine étape d'élections générales, dont la quasi-totalité de la communauté internationale, l'EAC mais aussi l'Union africaine, l'Union européenne, les Etats-Unis et l'ONU, avaient en vain déjà demandé le report, dénonçant un climat impropre à leur tenue. Bujumbura doit encore répondre à la demande de la Communauté est-africaine de reporter l'élection présidentielle du 15 au 30 juillet. Le pouvoir burundais, qui avait déjà très légèrement décalé les législatives et communale, avait refusé un nouveau glissement électoral, arguant d'un risque de vide institutionnel puisque le mandat de Pierre Nkurunziza s'achève le 26 août. Face à l'entêtement de Bujumbura, l'ensemble de la communauté internationale, à l'exception de l'ONU, avait retiré ses observateurs électoraux. Mettant en doute la validité des résultats des législatives, l'organisation intergouvernementale avait demandé que, quel que soit le vainqueur de présidentielle, "un gouvernement d'unité nationale" soit par la suite formé, rassemblant "ceux qui ont participé et ceux qui n'ont pas participé aux élections". La crise burundaise est née de l'officialisation fin avril de la candidature du président Nkurunziza, déjà élu en 2005 et 2010, à un troisième mandat, jugé anticonstitutionnel mais aussi contraire à l'Accord d'Arusha qui a permis de mettre fin à la longue guerre civile burundaise (1993-2006, quelque 300.000 morts). L'annonce de cette candidature a suscité un mouvement populaire de contestation violemment réprimé par la police. Au moins 70 personnes sont mortes depuis le début de la crise et 158.000 Burundais ont fui dans les pays voisins. La communauté internationale, et en particulier les pays de la région, qui a connu son lot de guerres, massacres et flux de réfugiés ces deux dernières décennies, s'inquiète d'un retour de la violence à grande échelle au Burundi.