L'Organisation des Nations Unis a indiqué mercredi que les conditions de sécurité en Libye sont restées extrêmement précaires, s'inquiétant de l'expansion de l'organisation autoproclamée Etat Islamique (Daech/EI). Au cours d'un briefing sur la situation en Libye présenté mercredi par l'envoyé spécial de l'ONU en Libye, Martin Kobler, au Conseil de sécurité a indique que l'expansion de Daech est venue compliquer la situation sécuritaire difficile en Libye. Selon Kobler, le groupe est parvenu à renforcer son emprise sur Syrte et ses environs et contrôle désormais une bande de plus de 250 kilomètres en réussissant à mettre en place une infrastructure militaire composée de camps d'entraînement, de zones d'entreposage et de fortifications, ainsi que des institutions de gouvernance rudimentaires dites "tribunaux islamiques" et "police islamique". Les régions l'est et l'ouest du pays enregistrent une activité croissante de l'EI, caractérisée par une flambée de la criminalité qui a accentué encore les menaces pesant sur des conditions de sécurité déjà complexes, a t-il enchaîné. Du fait de l'instabilité de la situation politique et des conditions de sécurité, il a été difficile pour l'équipe des Nations Unies pour l'appui électoral, gérée conjointement par la MANUL et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), de mener les activités prévues pour soutenir la Haute Commission électorale nationale, a-t-il signalé. Si des progrès importants ont été accomplis avec la signature de l'Accord politique libyen et l'annonce de la formation du gouvernement d'entente nationale, il reste beaucoup à faire pour mettre en £uvre cet accord, a -t- il relevé lors de ce briefing qui s'est déroulé sous la présidence angolaise. M. Kobler a précisé que des actions doivent être menées en urgence afin d'élargir les assises des nouvelles institutions de transition, assurer le transfert pacifique du pouvoir, et mettre en place des mesures de sécurité pour permettre au gouvernement de bien fonctionner à Tripoli. Il a recommande à cette fin que le Conseil de sécurité proroge le mandat de la mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL) qui est défini dans la résolution 2238 (2015) du Conseil. Cette nouvelle période permettra à la Mission de continuer à aider le Conseil présidentiel à mettre en place le gouvernement d'entente nationale et à élaborer son plan de travail, a-t-il expliqué. Kobler n'a pas manqué de saluer les pays voisins de la Libye pour leur grande contribution au processus politique libyen, en indiquant que l'appui et l'action positive des acteurs régionaux et internationaux a également joué un rôle essentiel dans l'avancée du processus politique. Il a souligné à ce titre l'importance de la septième conférence ministérielle des pays voisins de la Libye qui s 'est tenue à Alger en décembre et qui a permis, selon lui, d'échanger des vues avec les représentants de l'Union africaine, de l'Union européenne et de la Ligue des Etats arabes sur la progression du dialogue politique et sur les problèmes communs résultant de la situation en Libye. Par ailleurs, le rapport du secrétaire général de l'ONU couvrant la période des six derniers mois fait état des violations généralisées du droit international humanitaire en Libye ainsi que des violations du droit international des droits de l'homme (meurtres, enlèvements, prises d'otage, disparitions forcées et actes de torture). Les civils sont les premières victimes d'un grand nombre de ces violations, dont certaines sont de nature à constituer des crimes de guerre, a ajouté M. Kobler en faisant savoir que la MANUL a continué de demander à ce qu'il soit mis fin à de telles violations et à ce que leurs auteurs soient amenés à en répondre.