La volonté de l'Algérie de lever ses réserves sur certains articles de la Convention internationale de lutte contre toutes formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) "permettra de mettre en conformité la législation algérienne avec les lois internationales", ont indiqué mercredi à Alger des associations de défense des droits des femmes. Dans des déclarations à l'APS, la secrétaire générale de l'Union nationale des femmes algériennes (UNFA), Nouria Hafsi, la représentante de la section femme de l'Union générale des travailleurs algériens, Soumia Salhi, et la présidente de l'Association nationale Femme et développement rural, Baya Zitoune ont salué l'appel du président de la République Abdelaziz Bouteflika, pour reconsidérer les réserves de l'Algérie sur certains articles de cette convention, qualifiant "d'excellente" la démarche du président Bouteflika pour mettre en conformité la législation algérienne avec les lois internationales. Nouria Hafsi a estimé que par "la levée de ces réserves l'Algérie intègrera totalement le système juridique international, et cela permettra à la femme d'exercer pleinement ses droits conformément aux changements introduits dans l'arsenal juridique national en faveur des femmes notamment le Code de la famille". "A la lumière des textes de lois adoptés en matière de droits de la femme dans le domaine du travail, de la politique, et en matière de parité ces réserves n'ont plus lieu d'être", a-t-elle soutenu. Interrogée sur les articles qui seront touchés par la levée des réserves, la SG de l'UNFA a noté qu'"il s'agira certainement des articles en contradiction avec la nouvelle Constitution, exception faite des dispositions contraires à la chari'â comme l'avortement". Elle a précisé, dans ce sens, que l'"Algérie ne reviendra pas sur ses réserves sur certains articles qui ne sont pas conformes à la religion islamique", rappelant l'article 2 de la Constitution qui stipule que "l'Islam est la religion d'Etat". De son côté, Mme Salhi a considéré que l'"appel du président de la République constitue une réponse à une revendication des femmes qui date depuis de longues années", exprimant son souhait de prendre connaissance des articles qui feront l'objet de levée des réserves. Pour sa part, Mme Zitoune a considéré que la décision, "tant attendue par le mouvement associatif, est une excellente décision du chef de l'Etat". "C'est une décision encourageante de la part du Président en faveur des femmes", a-t-elle souligné, ajoutant que l'Algérie est sur la lancée pour mettre sa législation en conformité avec les lois internationales. En ratifiant la CEDAW en 1981, l'Algérie avait émis quelques réserves sur certaines dispositions de cette convention adoptée en 1979 par l'ONU. Ces réserves portent sur les dispositions relatives aux droits de la femme et l'égalité entre les deux sexes, au mariage, à la nationalité et à l'arbitrage international. Les réserves de l'Algérie portaient sur les dispositions édictées par les articles 2, 15 (paragraphe 4), 16 et 29 (paragraphe 1) de la dite convention et inhérentes à divers aspects de la vie quotidienne en relation avec les droits de la femme et l'égalité entre les deux sexes. Le président de la République Abdelaziz Bouteflika avait appelé dans son message à l'occasion de la Journée internationale du 8 mars à reconsidérer les réserves de l'Algérie sur certains articles de la convention, par rapport aux acquis réalisés pour la promotion et la protection des droits de la femme. "Je lance un appel franc et direct aux instances qualifiées pour les inviter à reconsidérer les réserves de l'Algérie concernant certains articles de la Convention internationale de lutte contre toutes formes de discrimination à l'égard des femmes", avait indiqué le Président Bouteflika dans son message. Pour le président de la République, "ces réserves doivent en effet être reconsidérées, dans le respect de notre référence religieuse".