Des professionnels de la pêche artisanale en Méditerranée ont souligné mercredi à Alger l'importance des réseaux de pêcheurs afin de participer à la prise de décisions en faveur de cette activité et bénéficier des programmes internationaux d'assistance technique. "Le sujet de la pêche artisanale n'a jamais été autant abordé par les institutions comme cette fois-ci. Maintenant on commence à dire que cette activité est spécifique et elle a sa place dans l'économie", a souligné, Hassane Hamdani, président du réseau algérien des associations de la pêche artisanale lors de troisième journée de la conférence régionale de la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM). La création des réseaux et de plateformes regroupant les professionnels de cette activité va permettre à ceux-là de participer à la prise de décisions et de partager la responsabilité avec les décideurs. "Outre l'amélioration des conditions socioprofessionnelles des marins pêcheurs, l'organisation des professionnels peut contribuer à l'amélioration de leurs capacités techniques afin de participer à l'élaboration des programmes de développement du secteur de la pêche en général et la pêche artisanale en particulier", selon M. Hamdani. Des réseaux de quatre pays du Maghreb (Tunisie, Algérie, Maroc et la Mauritanie) se sont connectés en 2015 pour créer une plateforme maghrébine de la pêche artisanale. Le but étant de poser leurs préoccupations au niveau national et d'échanger les expériences entre eux. Les contraintes socioprofessionnelles, la marginalisation de la pêche artisanale par rapport aux autres activités étaient à l'origine de la création des réseaux nationaux d'associations de pêcheurs artisans. "Nous insistons sur la gestion participative, parce que sans les acteurs concernés ne nous pourrons rien réaliser dans ce secteur. Les programmes et les stratégies de développement du secteur de la pêche ne peuvent pas réussir sans la participation des professionnels", estime Mohamed El Bachir Chabou, secrétaire général de la Confédération marocaine de la pêche artisanale et initiateur de la plateforme maghrébine. "Avant la création de cette organisation en 2005, les pêcheurs artisans marocains n'avaient pas de vis-à-vis pour discuter avec les autorités et les institutions concernées sur les problèmes sociaux qui ont poussé beaucoup de professionnels à abandonner leur métier", a fait savoir M. Chabou. Cette plateforme est venue "pour répondre aux attentes des professionnels de la région qui souhaitaient contribuer à l'élaboration de politiques de développement du secteur de la pêche", a indiqué pour sa part Chems Eddine Bourassine, représentant du réseau tunisien de la pêche artisanale. Améliorer les conditions de vie des pêcheurs artisans et relever les défis d'une pêche responsable et durable sont parmi les priorités de cette organisation régionale, d'après ce professionnel qui regrette la faible présence des pêcheurs dans cette conférence dédiée à la pêche artisanale. "Nous voulons non seulement être présents, mais aussi participer à la prise de décision et au changement de certaines réglementations qui pénalisent les pêcheurs artisans", a-t-il dit. Ce professionnel a salué, toutefois, la prise de conscience de la communauté internationale de l'importance de la pêche artisanale dans l'économie. Source d'emploi par excellence, cette activité participe activement à l'amélioration de la sécurité alimentaire des zones éloignées et contribuent à la protection des milieux marins, selon les spécialistes. "Les responsables politiques et les organisations internationales doivent protéger cette activité séculaire qui fait partie de l'héritage culturel de plusieurs pays et l'aider à se développer davantage", suggère Dahadj Mokdad, expert libanais. "Construire un avenir pour une pêche artisanale durable en Méditerranée et en Mer noire" est le thème de la conférence à laquelle ont pris part quelque 200 experts, responsables politiques, représentants d'organisations internationales.