La mise en place d'une stratégie commune de développement durable de la pêche artisanale dans le bassin méditerranéen et en Mer noire a été débattue, lundi à Alger, par des représentants d'une vingtaine de pays réunis autour de cette activité qui occupe plus de 80% de la flottille méditerranéenne. "Construire un avenir pour une pêche artisanale durable en Méditerranée et en Mer noire" est le thème de la conférence régionale de la Commission générale des pêches pour la Méditerranée (CGPM) prévue sur trois jours, avec la participation de quelque 200 experts, responsables politiques, organisations internationales, régionales et sous-régionales. Cette rencontre "constitue une opportunité inédite pour convenir de démarches opérationnelles et d'actions concrètes, tant à l'échelle nationale que régionale, pour la réhabilitation et le développement de la pêche artisanale", a indiqué le ministre de l'Agriculture, du développement rural et de la pêche, Sid Ahmed Ferroukhi. "L'objectif est de sortir avec un programme d'actions pour appuyer la pêche artisanale durable dans cette région", a-t-il ajouté. D'après lui, plus de 90% des professionnels du secteur de la pêche activent dans cette branche, d'où son "importance" pour l'ensemble de la Méditerranée et de la Mer noire". Selon la CGPM, elle représente plus de 80% de la flottille de pêche de la région et contribue à hauteur de 25% de la valeur totale des débarquements provenant des pêches de capture. "L'Algérie coopère avec les autres pays de la région pour relever les défis de la pêche artisanale dans cet espace notamment la préservation de la ressource", souligne M. Ferroukhi. Evoquant le cas de l'Algérie, le ministre a fait savoir que cette activité, est confrontée à la baisse des rendements, la pollution et à l'insuffisance en matière d'application de la réglementation en vigueur. "Nous avons un segment important de petits pêcheurs invisibles travaillant de manière informelle qu'il faut intégrer dans le développement en ayant une réglementation qui prend en compte leurs spécificités en terme de formation, de financement etc", a indiqué M. Ferroukhi. =La pêche artisanale, une des priorités du secteur= Les pouvoirs publics ont mis en place un plan de développement tendant à améliorer le système d'exploitation et de gestion durables des ressources halieutiques à travers le plan Aquapêche Algérie 2020 qui réserve une "attention particulière" à la pêche artisanale. "Le rôle joué par la pêche artisanale en matière de création d'emplois, de subsistance des populations de pêcheurs artisans, de désenclavement des zones le long du littoral algérien et en matière de contribution au développement local, a fait de cette activité l'une des plus importantes priorités de développement du secteur", affirme M. Ferroukhi. Il a énuméré, dans ce contexte, quelques actions menées en faveur de cette activité dont la réalisation d'une enquête sur la pêche artisanale en 2014, et des études socio-économiques sur des sites potentiels à son développement ainsi que l'organisation de la commercialisation des produits de la pêche. De son côté, le président de la CGPM Stefano Cataudella, a souligné la nécessité de travailler en coopération entre les pays de la région afin de parvenir à des stratégies concrètes "garantissant la durabilité de cette activité dans l'avenir". "La collaboration et l'échange d'expériences va nous permettre d'aller de l'avant et d'avoir des approches pragmatiques qui prennent en compte les problèmes de la pêche artisanale tels que l'impact de celle-ci sur les ressources aquatiques", a-t-il dit. Il s'agit aussi de mettre l'accent sur le rôle de cette activité dans la lutte contre la pauvreté, d'encourager les opportunités d'emplois et d'améliorer la protection sociale des pêcheurs, a ajouté M. Cataudella. Le sous directeur général de la FAO pour la pêche et l'aquaculture, Arni Mathiesen, a indiqué que cette conférence s'inscrit dans le cadre des lignes directrices de la FAO visant l'amélioration de la sécurité alimentaire et l'élimination de la pauvreté. Ces lignes directrices préconisent, justement, de "mettre fin à la marginalisation de la pêche artisanale afin d'assurer la pleine participation de toutes les parties prenantes dans les processus décisionnels et mettre un terme à la problématique de la faim et améliorer la sécurité alimentaire", a-t-il noté.