Activité à très fort potentiel en termes de création d'emplois et de richesses, la pêche artisanale suscite l'intérêt des pouvoirs publics qui comptent l'organiser et la valoriser à travers une stratégie nationale visant à moderniser et à intégrer ce créneau dans l'économie nationale. Sur le plan économique et social, la pêche artisanale est une activité qui génère plus d'emplois, mais elle n'a, jusqu'à présent, pas été convenablement prise en charge au niveau politique en raison notamment de la non organisation des professionnels activant souvent dans des zones enclavées, estime Hamid Benderradji, chargé des relations extérieures au ministère de la Pêche et des ressources halieutiques. D'après les chiffres du ministère 100 embarcations d'environ 4,80 mètres de longueur, peuvent employer jusqu'à 300 personnes sans compter l'impact induit sur les ménages subsistant de cette activité et la localité enclavée qui l'a comme seule richesse économique. Cette activité artisanale qui fait travailler quelque 22.000 professionnels occupant 60 à 70% de la flottille nationale. Après l'échec des premières tentatives de développement de la pêche artisanale menées dans les années 1990, dues à une mauvaise préparation des projets envisagés, les pouvoirs publics comptent cette fois-ci revenir à la charge par «une stratégie bien conçue» en y associant des experts nationaux et internationaux, et «surtout en écoutant et en intégrant les premiers concernés, à savoir les pêcheurs», selon M. Benderradji. La relance de cette activité est prévue dans la feuille de route adoptée par le secteur de la pêche en 2012 dans le cadre du nouveau Système d'accompagnement des investissements dans la pêche et l'aquaculture (SAIPA) impliquant les différents dispositifs d'aide à l'emploi de jeunes. Ce créneau a fait l'objet de discussions en mai dernier entre les responsables du secteur et ceux du PNUD qui ont abouti à un projet de coopération portant sur la formulation d'une stratégie nationale de développement de la pêche artisanale dont l'accord a été signé dimanche dernier. Il est prévu dans ce cadre la mobilisation d'une équipe d'experts nationaux et internationaux pour mener, pendant une année, des enquêtes, des recensements et un audit afin d'identifier l'environnement socioéconomique de l'exercice de la pêche artisanale. «Cette stratégie sera suivie d'un plan d'actions qui intègrera l'organisation des professionnels et l'amélioration de leurs connaissances, l'élaboration d'un système de financement adapté à leur activité et, pourquoi pas, aller vers l'installation d'un système mutualiste, et ce, en se basant sur les expériences menées par d'autres pays tel que le Japon», a expliqué M. Derradji. Il s'agit aussi d'impliquer les autorités locales dans cette stratégie afin de créer des micro activités économiques au niveau des zones de pêche enclavées. Donner à la pêche artisanale la place qui lui revient en Méditerranée Le développement durable de la pêche artisanale suscite aussi un véritable intérêt au niveau régional et international notamment en Méditerranée. Dans les deux rives, cette pêche est caractérisée par une grande diversité et représente des valeurs et des modes de vie différents d'un pays à l'autre. Les pays membres de la Commission générale des pêches en Méditerranée et en mer Noire (CGPM) ont convenu, lors d'une réunion en mai dernier à Split (Croatie), de l'importance de cette activité qui devrait faire l'objet d'une attention particulière. Cette commission, en collaboration avec la FAO, organisera le premier symposium régional sur la pêche artisanale en Méditerranée et en mer Noire du 27 au 30 novembre à Malte. «L'Algérie participera en force à cette rencontre pour défendre ses intérêts en tant que pays important en matière de pêche dans la région et sur lequel il faudra compter à l'avenir», a indiqué M. Benderradji. Cette participation permettra aussi à l'Algérie de «consolider sa place au sein de la CGPM dont elle membre depuis 1966 et de peser de tout son poids pour améliorer le niveau de vie des pêcheurs algériens et méditerranéens», a-t-il ajouté. Lors de ce symposium, le premier du genre, les pays des deux rives de la Méditerranée et ceux de la mer Noire discuteront des problèmes auxquels fait face la pêche artisanale et tenteront de lui donner la place qui lui revient au moment où le secteur de la pêche traverse une crise générale due notamment à la surexploitation des ressources et aux changements climatiques. Outre l'échange des expériences, les participants vont réfléchir sur des mécanismes d'aide au développement de cette activité et jeter les bases d'une plateforme au sein de laquelle les parties prenantes pourraient être directement impliquées et participer à la gestion de la pêche artisanale.