Près de 2.000 Français et Françaises sont impliqués dans des filières terroristes, appelées communément en France "djihadistes" (Daech), a indiqué lundi le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve. Au cours de la deuxième "instance de dialogue avec l'islam", qui regroupe quelque 150 responsables musulmans français, militants et chercheurs, le ministre a précisé qu'en comptant "ceux qui sont en transit, ceux qui sont revenus (d'Irak et de Syrie) et ceux qui ont manifesté la volonté de partir", le nombre s'élève à 1858 contre 555 en janvier 2014. Rappelant l'ampleur d'une menace terroriste qui s'est "considérablement transformée", il a précisé qu'environ 600 Français sont aujourd'hui engagés dans le "djihad" irako-syrien, et que "près de 300" autres sont de retour en France. Dans son allocution, le Premier ministre, Manuel Valls, a souligné qu'il fallait "bien sûr chercher à comprendre" ce qui mène ces jeunes français à la radicalisation. "C'est un phénomène complexe et protéiforme, et les sciences sociales ont bien sûr un rôle à jouer pour comprendre, analyser, décortiquer les mécanismes qui font que des individus basculent dans cette forme d'hyper-violence, de négation de l'autre, de nihilisme", a-t-il ajouté. Par ailleurs, le procureur de Paris, François Molins, a dévoilé lundi à Bruxelles dans une conférence de presse, suite à l'arrestation en Belgique du terroriste français, d'origine marocaine, Salah Abdesselam, que la justice française est saisie actuellement de 244 affaires de terrorisme présumé visant 772 personnes. "On a actuellement en France 244 affaires en cours, c'est-à-dire des enquêtes-parquet ou des procédures d'information conduites par des juges d'instruction qui concernent, judiciairement, 772 individus", a-t-il expliqué. Ces personnes, a-t-il ajouté, sont "soit mises en examen avec une partie en détention provisoire, soit recherchées avec des mandats de recherche ou des mandats d'arrêt". Depuis les attentats du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts à Paris et à Saint-Denis, l'Etat français déploient tous les moyens (sécuritaires, financiers, humains, renseignement, coopération et juridiques) pour venir à bout de ce phénomène qui a ébranlé la société française. L'état d'urgence, décrété au lendemain de ses attentats, est toujours en vigueur après l'avoir prolongé de 3 mois supplémentaires. Décrié par une partie de la classe politique, des hommes de droit et des militants des droits de l'homme, l'état d'urgence, constitutionalisé en février dernier, a abouti, selon les autorités, à 3 336 perquisitions administratives, 344 gardes à vue et l'assignation à résidence de 290 personnes. "Depuis le 13 novembre, 3 336 perquisitions administratives ont été réalisées", permettant la saisie de 578 armes, dont 220 armes longues, 169 armes de poing, 42 armes de guerre et 147 autres armes, avait alors précisé Bernard Cazeneuve, reconnaissant que "certaines perquisitions n'ont pas été accomplies avec le discernement".