La pièce "Anâib el mohtaram" (l'illustre élu), présentée en générale lundi soir au Théâtre régional de Constantine (TRC), a été chaleureusement accueillie par un public nombreux. Mise en scène par Karim Boudechiche, d'après un texte de l'écrivain martyr, Ahmed Rédha Houhou, et montée par le TRC, la pièce a plongé l'assistance, à travers une succession de scènes, dans les années 1940 pour raconter l'histoire de l'élu Abdelmounaïm et l'enseignant Zaârour. Homme influent, et responsable redouté, Abdelmounaïm, dont le rôle a été confié au comédien Rabie Ouadjaout, est un "fin affairiste" à la recherche d'un associé pour conclure une autre affaire scrabbleuse. L'élu prévoit la réappropriation du parc automobile neuf de sa commune, mais pour cela, il a besoin d'un prête-nom, gentil et docile qui se contente d'apposer sa signature sur des documents qu'il ne prend même pas la peine de lire. Avec Suzanne, sa partenaire dans les affaires, l'élu jette son dévolu sur Zaârour, un enseignant qui vient de perdre son travail et scelle avec lui un partenariat. Zaârour, campé par Adel Hamlaoui, content dans un premier temps de son nouveau poste de travail qui ne nécessite pas beaucoup d'efforts commence, à douter des intentions du respectable élu, mais une "opération séduction" de Suzanne fait vite rentrer les choses dans l'ordre. Le responsable exploite à fond les préoccupations des citoyens et se fait payer, à travers son associé Zaârour, des services, censé les rendre aux gens qui l'ont élu. Les événements s'enchaînent, Zâarour se découvre du talent pour les "transactions douteuses", solidifie sa position de jour en jour, mais est toujours hanté par des valeurs qui constituaient autrefois sa richesse. Entre un passé lointain et un présent qui renvoie à ce passé, les douze comédiens qui se sont succédé sur scène ont traqué les tares de la société, fustigé l'opportunisme en tout genre et stigmatisé "une presse mercenaire" et "imagé" tout au long de la pièce la corruption qui gangrène les sociétés. Le rideau tombe quand Zaârour "chasse" Abdelmounaïm, remplace Suzanne par Germaine et trouve dans Ourfi, son collègue d'autrefois, l'idéal prête-nom pour élargir le domaine de ses affaires. A l'issue du spectacle, le metteur en scène a indiqué à l'APS que la pièce "Anâib el mohtaram" reflète des situations et des comportements que l'on observe dans beaucoup de société. Il a ajouté que la pièce a réuni trois générations de comédiens de théâtre, précisant que l'interaction avec les spectateurs a donné à l'oeuvre "une autre dimension". Inscrite dans le cadre du programme du département Théâtre de la manifestation "Constantine, capitale 2015 de la culture arabe", cette pièce sera présentée mardi et mercredi sur les planches du TRC, avant d'assurer dix huit (18) autres représentations dans plusieurs wilayas.