Les Législatives en Syrie, convoquées par le président Bachar al-Assad, ont vu un fort taux de participation dépassant les 60%, indiquent jeudi des chiffres officiels, qui démontrent une nouvelle fois l'empressement du peuple syrien à sortir le pays de la profonde crise qui le secoue depuis plus de cinq ans. Alors que le dépouillement des votes se poursuit, la Commission suprême de la magistrature qui supervise les élections, s'est félicitée du fort taux de participation qui "a dépassé les 60%", disant que "Cela dépasse toutes les attentes". Aux environs de 10H00 locale mercredi, plus de 900.000 électeurs s'étaient rendus aux urnes dans la capitale Damas, plus de 264.000 à Hama et 108.000 à Idleb, alors que 144.000 électeurs ont été recensés dans la province de Daraa. Plus de 7.300 bureaux de vote avaient ouvert leurs portes aux électeurs, invités à choisir leurs représentants entre les 3.500 candidats pour élire l'Assemblée du peuple composée de 250 députés, venus de différentes provinces du pays, pour un mandat de quatre ans. Ce scrutin décidé par Bachar al Assad, s'est tenu dans les régions sous contrôle gouvernemental, soit un tiers du territoire où vit environ 60% de la population syrienne. Les deux autres tiers étant sous contrôle d'organisations terroristes, tels que le groupe autoproclamé "Etat islamique" (EI/Daech) et le Front al-Nosra (affilié à al-Qaïda), ou des rebelles. Selon les experts, les résultats devraient être "sans surprise" semblables à ceux des législatives de mai 2012. Le parti "Baath" syrien avait alors obtenu la majorité des sièges. Les législatives, un pas "important" pour la stabilité en Syrie Les Russes convaincus que les élections législatives en Syrie constituent un pas "important" pour la stabilité du pays, ont appelé les Occidentaux, pour qui le seul scrutin valable serait celui inscrit dans la feuille de route de l'ONU, à "une coopération honnête" avec Moscou pour le règlement de la crise en Syrie. "Vu ce qui se passe en Syrie, les élections législatives constituent un facteur important pour la stabilité de la situation dans le pays", a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, appelant l'Occident à coopérer avec Moscou loin de la politique de "double critère". Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait préalablement expliqué la nécessité de ce scrutin, qui "garantit l'action des établissements et évite tout vide politique dans le pays". De leur côté, les Occidentaux, à leur tête les Etats-Unis, la France et l'Allemagne, ont dénoncé comme "illégitime" le scrutin, estimant qu'il "devrait se tenir sous l'égide des Nations unies (...) sans l'exclusion des millions de Syriens déplacés ou réfugiés à l'étranger". L'ONU plaide pour sa part pour la tenue d'élections générales courant 2017. Le scrutin de mercredi s'est tenu après plusieurs semaines de calme relatif au cessez-le-feu conclu sous les auspices russes et américains. Mais cette trêve, entrée en vigueur le 27 février, menace d'éclater entre les forces régulières syriennes, les rebelles dits "modérés" et les groupes terroristes Daech/EI et le Front Nosra. Cette dégradation de la situation pourrait peser sur la nouvelle session de négociations indirectes le gouvernement de Damas et l'opposition qui s'est ouverte le 13 avril à Genève sous l'égide des Nations Unies. Deuxième jours de négociations Les nouveaux pourparlers de paix inter-syriens, qui devraient durer une dizaine de jours, ont démarré mercredi par une rencontre entre l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, et une délégation du Haut comité des négociations (HCN, opposition). Un premier round de négociations, qui s'était tenu du 14 au 23 mars au Palais des Nations de Genève, siège de l'ONU, n'avait pas permis d'avancée majeure. Les pourparlers de Genève visent à mettre en œuvre une transition politique pour sortir la Syrie d'une crise qui a fait, selon des estimations, plus de 270.000 morts en cinq ans et des millions de réfugiés depuis 2011. La Feuille de route, fixée par la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'ONU, prévoit une période de 6 mois pour mettre en place un organe de gouvernement et rédiger une nouvelle Constitution, puis une période de 12 mois pour organiser des élections présidentielle et législatives. Le compte à rebours des 18 mois a officiellement démarré le 14 mars.