Les négociations indirectes, Genève 3, entre le gouvernement syrien et l'opposition s'ouvrent lundi dans la capitale suisse sous l'égide de l'ONU en vue de lancer un processus de règlement de la crise qui frappe la Syrie depuis 2011. La rencontre Genève 3 intervient à l'appel de la communauté internationale, au moment où une trêve est en vigueur depuis plus de deux semaines, alors que des aides humanitaires sont en train d'être acheminées vers les populations syriennes ayant survécu aux affres de la guerre. A la faveur de la rencontre de Genève, les négociateurs tentent de mettre fin à une guerre qui entre dans sa sixième année. Toutefois, l'émissaire spécial de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a déclaré qu'il n'y avait pas encore d'accord sur l'ordre du jour des négociations, après avoir rencontré les délégations du gouvernement et de l'opposition. Le Haut comité des négociations (HCN), rassemblant les groupes de l'opposition, a indiqué, par le biais de son porte-parole Salem al-Meslet, qu'il était à Genève pour discuter d'une solution politique visant à mettre "un terme aux souffrances du peuple syrien...". Cette troisième phase des négociations intervient, alors que la communauté internationale (Européens et Américains) insiste sur l'importance du respect de ce cessez-le-feu et la poursuite de l'acheminement de l'aide humanitaire pour garantir des négociations "crédibles". Les discussions qui s'ouvrent lundi à Genève se tiennent dans un contexte radicalement différent en raison d'une trêve sur le terrain entre l'armée syrienne et les groupes rebelles. Initié par les Etats-Unis et la Russie et entré en vigueur le 27 février, cet arrêt d'hostilités tient malgré quelques entraves, et l'ONU avec ses partenaires ont pu apporter de l'aide à près de 250.000 personnes vivant dans des zones assiégées, une assistance réclamée par l'opposition. Pour rappel, les pourparlers de paix convoqués par M. de Mistura avaient tourné court, fin janvier et début février à cause de la réaction de l'opposition quand une offensive concomitante des forces militaires syriennes avec l'appui de l'armée russe dans le nord de la Syrie. L'Emissaire de l'ONU a indiqué que la session de pourparlers de lundi marquera le début du compte à rebours des 18 mois au terme desquels des élections devront être organisées en Syrie. Conformément au processus de paix adopté par l'ONU, un gouvernement de transition et une nouvelle Constitution doivent d'abord être mis en place dans les six mois, avant la tenue, sous l'égide de l'ONU, des élections présidentielles et législatives. Les négociations de Genève 3 sont, dans ce sens, censées aborder pour la première fois de manière concrète l'avenir du pays ainsi que la transition politique. Cette dernière question est considérée pour l'instant comme étant l'écueil majeur de la résolution de la crise syrienne. L'opposition syrienne ne peut concevoir la résolution du conflit que si les négociations commence avec des discussions sur l'organe de transition, qui aura tous les pouvoirs y compris "ceux du président de la République". Cependant, le gouvernement syrien développe une autre approche, en mettant hors de question toute discussions de la présidentielle ou du sort du Président Bachar Al Assad, réélu en 2014 en pleine guerre pour un nouveau septennat. Le gouvernement syrien propose plutôt d'instaurer un "gouvernement d'unité", élargi à des opposants mais toujours placé sous l'autorité du président Bachar al-Assad comme le prévoit la Constitution actuelle de l'Etat syrien. Ce nouveau gouvernement, selon le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem, désignera un comité pour "rédiger une nouvelle constitution ou amender l'actuelle" loi fondamentale du pays. Le texte sera ensuite soumis à référendum. La guerre en Syrie qui a débuté, en mars 2011, s'est transformée en un conflit complexe impliquant une multitude d'acteurs régionaux et internationaux, et la poussée de groupes terroriste à l'instar de l'organistion autoproclamée "Etat islamique" (EI/Daech) et du Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda. Cette grave crise a fait plus de 270.000 morts et a poussé plus de la moitié de la population à quitter son foyer, provoquant une importante crise réfugiés.