Les atteintes aux droits de l'Homme au Maroc et au Sahara occidental occupé inquiètent les parlementaires européens qui ont interpellé, une nouvelle fois, la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, sur les mesures à prendre pour mettre un terme aux exactions des autorités marocaines. Dans une question écrite adressée à la Haute représentante de l'Union européenne (UE) aux Affaires étrangères et la politique de sécurité, l'eurodéputée Paloma Lopez, a exhorté l'UE à prendre les mesures nécessaires pour "la reconnaissance du statut politique des détenus sahraouis du groupe de Gdeim Izik". Dénonçant le non -respect des droits fondamentaux de ces prisonniers, l'eurodéputée espagnole a interpellé Mogherini sur le procès fait à ces détenus, des civils jugés devant des tribunaux militaires, en violation des principes du droit international. Le 8 novembre 2010, les forces marocaines de sécurité ont démantelé le camp de protestation installé par des Sahraouis un mois auparavant à Gdeim Izik pour revendiquer les droits économiques, sociaux et politiques des populations sahraouies, procédant à l'arrestation de centaines de protestataires. Défiant toutes les dispositions des normes internationales relatives aux droits humains, les autorités marocaines ont déféré 25 d'entre eux devant un tribunal militaire qui les a condamnés à de lourdes peines, allant de 20 ans d'emprisonnement à la réclusion à perpétuité. Parmi eux figurent, Naâma Asfari, Ahmed Sbaï et Mohamed Tahlil, tous membres d'organisations sahraouies de défense des droits humains qui oeuvrent pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental. L'eurodéputé espagnol, Jordi Sebastia a interpellé, quant à lui, la chef de la diplomatie européenne sur les violations des droits de l'Homme au Maroc, notamment sur les manifestations pacifiques des enseignants stagiaires "violemment réprimées" par les forces de l'ordre. "Le 7 janvier 2016 enseignants stagiaires ont manifesté pacifiquement dans six villes marocaines contre deux nouveaux décrets réduisant leurs allocations et menaçant la sécurité de leur emploi. Les forces de sécurité marocaines les dispersèrent en utilisant des méthodes violentes, faisant des dizaines de blessés nécessitant des soins médicaux d'urgence", a écrit l'eurodéputé Jordi Sebastia dans sa question adressée à la Haute représentante de l'UE aux Affaires étrangères et la politique de sécurité. Virulente répression policière des enseignants stagiaires Selon ce parlementaire européen, "la répression a été particulièrement violente à Inezgane, une localité du sud-ouest marocain, où les éléments de preuve recueillis suggèrent que la force utilisée par la police était bien au-delà de ce qui est nécessaire pour obtenir la dispersion". L'eurodéputé Jordi Sebastia a fait remarquer, en outre, que "les normes internationales des droits de l'Homme limitent l'utilisation de la force par la police aux situations de force majeure", et qu'en vertu de l'article 21 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, "les autorités marocaines ne peuvent imposer des restrictions aux manifestations". Il a exhorté, à ce titre, Mme Mogherini à exprimer dans le cadre du dialogue politique entre les deux parties, les préoccupations de l'UE concernant la "virulente répression policière" qui s'est abattue sur les enseignants stagiaires au début du mois de janvier dans plusieurs villes du royaume. Il l'a également appelée à mettre la question des violations des droits de l'Homme à l'ordre du jour de la prochaine session du dialogue politique entre l'UE et le Maroc. Des milliers d'enseignants stagiaires qui ont manifesté pendant plusieurs semaines dans plusieurs villes marocaines pour réclamer la suppression de deux décrets ministériels controversés, ont été violemment réprimés par les forces de l'ordre. "La police marocaine a attaqué et battu des enseignants stagiaires qui manifestaient pacifiquement le 7 janvier 2016, blessant des dizaines d'entre eux", a indiqué l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch dans un communiqué publié le 18 janvier. "Certains manifestants ont été grièvement blessés à la tête, ce qui a nécessité des soins médicaux d'urgence", a confirmé l'organisation basée à New York qui a mené plusieurs entretiens téléphoniques avec des enseignants stagiaires blessés à Inezgane, ville mitoyenne d'Agadir. Dans sa réponse apportée à ces eurodéputés concernant les préoccupations exprimées, Mogherini a assuré que "l'UE, dans le cadre du dialogue politique avec les autorités marocaines, insiste sur l'importance du respect des libertés fondamentales", faisant remarquer que les atteintes aux droits de l'homme "sont soulevées dans le cadre spécifique du sous-comité des droits humains".