L'Algérie doit construire un modèle énergétique diversifié et basé sur l'efficacité et la performance pour pouvoir, à la fois, satisfaire une demande interne en hausse et maintenir ses volumes d'exportation en hydrocarbures, ont souligné, samedi à Alger, des spécialistes en énergie. Intervenant lors d'un colloque organisé par l'Association des ingénieurs d'Etat diplômés de l'Institut algérien du pétrole (AIEDIAP), portant sur la transition énergétique et le développement durable, ces experts ont mis l'accent sur la nécessité pour l'Algérie de développer un mix énergétique incluant toutes les sources potentielles fossiles et renouvelables du pays. Dans cette optique, l'expert Kamel Aït Cherif a relevé l'importance de la mise en place d'un nouveau modèle de consommation énergétique en Algérie axé sur deux éléments essentiels qui sont l'efficacité énergétique et l'économie de l'énergie, dans un contexte marqué par la chute des prix du pétrole et la réduction des volumes d'hydrocarbures exportés en raison de la croissance de consommation interne. Selon des chiffres avancés par ce spécialiste, la consommation algérienne en énergie primaire a plus que triplé en l'espace d'une décennie pour s'établir à 58 millions de tonnes équivalent pétrole (tep) en 2015 contre 17 millions de tep en 2005. De même, la consommation interne en produits pétroliers a atteint 18 millions de tonnes en 2015 dont 80% constitués de carburant. Commentant ces données, M. Aït Cherif a jugé urgent de mettre en œuvre des mécanismes d'optimisation de la consommation d'énergie et de réduire les pertes et le gaspillage. Outre les dispositifs d'efficacité énergétique dans les secteurs énergétivores comme le bâtiment, l'industrie et les transports, la revalorisation et le recyclage de certains produits énergétiques utilisés pourrait constituer un important levier pour économiser l'énergie, selon cet expert. Il s'agit, entre autres, des huiles et lubrifiants usagés, des pneus usés et des produits plastiques tels que les sachets, a-t-il indiqué, ajoutant que l'Algérie est le 5ème consommateur mondial de sachets plastiques avec un volume de sept (7) milliards d'unités utilisées par an. De son côté, Sidi Mohamed Baghdadli, expert et ancien cadre de Sonatrach, a mis en exergue la dimension du développement durable dans la transition énergétique de l'Algérie. Selon lui, l'Algérie doit adopter un nouveau modèle énergétique diversifié mais qui soit aussi axé sur le développement durable, notamment le respect de l'environnement. Présent à cette rencontre, le P-dg de Sonelgaz, Noureddine Boutarfa, a suggéré un" retour à la réalité des prix" de l'énergie, en particulier de l'électricité, en vue de pouvoir soutenir les investissements destinés à augmenter les capacités de production, mais aussi améliorer l'efficacité énergétique et réduire le gaspillage. M. Boutarfa a rappelé, dans ce contexte, que la consommation nationale d'électricité a connu un certain ralentissement suite à la hausse de la tarification opérée au milieu des années 1990. S'agissant du programme national de développement des énergies renouvelable, il a admis que le solaire photovoltaïque, qui constitue le plus gros de ce programme, ne réglerait qu'un tiers de la problématique. D'où la nécessité d'explorer d'autres solutions comme l'efficacité énergétique. Même l'optimisation de l'efficacité énergétique nécessite d'importants investissements pour la rénovation et l'acquisition de nouveaux équipements surtout dans l'industrie, a-t-il observé. De son côté, l'ancien P-dg de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, a mis l'accent sur la nécessité d'élaborer un plan d'aménagement énergétique du territoire par la définition d'objectifs de rentabilité économique dans les futurs raccordements des régions en électricité et en gaz naturel, ajoutant qu'une telle démarche contribuera à assurer un meilleur équilibre du développement local. "Jusqu'à présent, la distribution de l'énergie dans les régions se fait sur la base de critère sociaux et sans planification économique préalable", a-t-il constaté. Par ailleurs, l'économiste et ancien chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, a insisté sur la bonne gouvernance et sur une approche intersectorielle pour une meilleure performance du modèle énergétique.