Le nouveau management stratégique de Sonatrach est à replacer dans le cadre des nouvelles mutations énergétiques mondiales, où le monde connaîtra à l'horizon 2025/2030/2035, un profond bouleversement de la carte énergétique et du pouvoir à l'échelle mondiale. L'Algérie n'échappe pas à ces nouvelles mutations, les changements économiques survenus depuis quelques années dans le monde avec la révolution du numérique et de l'énergie ainsi que ceux qui sont appelés à se produire dans un proche avenir, doivent nécessairement trouver leur traduction dans des changements d'ordre systémique destinés à les prendre en charge et à organiser leur insertion dans un ordre social qui est lui-même en devenir. Il ne faut pas être utopique, Sonatrach représente encore pour longtemps, l'essentiel des ressources en devises d'où l'importance d'un nouveau management stratégique de Sonatrach. 1 – La nouvelle politique énergétique de l'Algérie doit s'articuler autour de sept axes directeurs. (Notre intervention au Forum mondial du développement durable, Paris 13 mars 2017, sur « les axes de la transition énergétique de l'Algérie face aux nouvelles mutations mondiales»). Premier axe devant éviter les effets d'annonces avant de déterminer la réelle rentabilité, de nouveaux investissements dans les énergies traditionnelles l'Algérie pourrait augmenter ses exportations, éventuellement, à travers le Transmed via l'Italie, d'une capacité de 33 milliards de mètres cubes gazeux, fonctionnant en sous-capacités et le Medgaz via l'Espagne, la capacité ayant été portée de 8 milliards de mètres cubes gazeux à 10,5 depuis février 2022 devant préciser que l'on peut découvrir de nombreux gisements non rentables financièrement. Dans ce cadre des énergies traditionnelles, il y a lieu de prévoir la redynamisation du projet de Galsi via la Sardaigne Italie, gelé depuis 2012 qui était alors d'une capacité de 8 milliards de mètres cubes gazeux pour un investissement de 3 milliards de dollars devant être relié à la Corse (voir la conférence du Pr A. Mebtoul à la Chambre de commerce de Corse reproduit à la télévision France 3, déplacement en Sardaigne pour défendre ce projet), comme il s'agit, sous réserve de l'accord de l'Europe, principal client d'accélérer la réalisation du gazoduc Nigeria-Europe via l'Algérie, la faisabilité de ce projet dépendant de la résolution de la crise au Niger et devant tenir compte des nouvelles mutations gazières mondiales pour évaluer sa rentabilité car les lettres d'intention ne sont pas des contrats définitifs. Deuxième axe, l'amélioration de l'efficacité énergétique», argumentant par la programmation de 2 millions de logements construits, selon les anciennes normes et exigeant de forte consommation d'énergie, alors que les techniques modernes économisent 40 à 50% de la consommation. Troisième axe, une nouvelle politique des prix s'impose occasionnant un gaspillage des ressources, renvoyant à une nouvelle politique des subventions ciblées. Le quatrième axe est lié au développement des énergies renouvelables «devant combiner le thermique et le photovoltaïque le coût de production mondial a diminué de plus de 50% et il le sera plus à l'avenir. Avec plus de 3000 heures d'ensoleillement par an, l'Algérie a tout ce qu'il faut pour développer l'utilisation de l'énergie solaire, ou presque. Le soleil tout seul ne suffit pas. Il faut la technologie et les équipements pour transformer ce don du ciel en énergie électrique. Je rappelle que le programme algérien consiste à installer une puissance d'origine renouvelable de près de 22.000 MW, dont 12.000 MW seront dédiés à couvrir la demande nationale de l'électricité et 10.000 MW à l'exportation d'ici 2030, «l'objectif de l'Algérie serait de produire 30 à 40% de ses besoins en électricité à partir des énergies renouvelables. Mais l'Algérie aura-t-elle les moyens financiers, les capacités d'absorption et la maîtrise technologique pour éviter les surcoûts ? Le cinquième axe, selon les déclarations de plusieurs ministres de l'Energie entre 2013/2022, selon laquelle ils avaient indiqué que «l'Algérie compte construire sa première centrale nucléaire en 2025 à des fins pacifiques, pour faire face à une demande d'électricité galopante où les réserves prouvées de l'Algérie en uranium avoisinent les 29.000 tonnes, de quoi faire fonctionner deux centrales nucléaires d'une capacité de 1000 mégawatts chacune pour une durée de 60 ans. Le sixième axe, que j'ai eu à diriger pour les pouvoirs publics entre 2013/2015 dans le cadre d'un dossier sur la transition énergétique est l'exploitation du gaz/pétrole de schiste, où selon des études américaines «l'Algérie possède le troisième réservoir mondial, d'environ 19.500 milliards de mètres cubes gazeux». Mais cela nécessite un large consensus social, de lourds investissements, la maîtrise des nouvelles technologies qui protègent l'environnement et des partenariats avec des firmes de renom. Car l'on devrait protéger les nappes phréatiques, l'Algérie étant un pays semi-aride, le problème de l'eau étant un enjeu stratégique devant être opéré un arbitrage entre la protection de l'environnement et la consommation d'eau douce, 1 milliard de mètres cubes gazeux nécessitant 1 million de mètres cubes d'eau douce et devant forer plusieurs centaines de puits moyens pour 1 milliard de mètres cubes gazeux en tenant compte de la durée courte de la vie du puits, 5 années maximum et la nécessaire entente avec des pays riverains se partageant ces nappes. Le septième axe est le développement de l'hydrogène, l'Algérie se proposant selon le ministère de l'Energie, d'investir entre 20 à 25 milliards de dollars horizon 2040 autour de l'hydrogène renouvelable, divisée en trois grands phases, le démarrage via des projets pilotes (2023 à 2030), l'expansion et la création de marchés (2030 à 2040) et l'industrialisation et la compétitivité du marché (2040 à 2050). À horizon 2040, l'Algérie prévoit de produire et d'exporter 30 à 40 TWh d'hydrogène gazeux et liquide, avec un Mix à la fois composé d'hydrogène bleu, produit à partir de gaz, et d'hydrogène vert fabriqué par électrolyse grâce aux importantes ressources solaires du pays, avec pour objectif de fournir à l'Europe 10 % de ses besoins en hydrogène vert d'ici à 2040. Toutes ces actions opérationnelles renvoient à l'urgence d'un nouveau management stratégique de Sonatrach. 2 – Dans plusieurs audits, sous ma direction entre 1974 et 2022, assisté des cadres dirigeants du ministère de l'Energie de Sonatrach et d'experts indépendants, il nous a été difficile de cerner avec exactitude les coûts de production de ses différentes structures, Sonatrach donnant un bilan consolidé ayant été contraint d'élaborer des comptes physico-financiers nous ayant permis de quantifier ce qui est imputables à une bonne gestion interne du groupe et ce qui échappe totalement à Sonatrach, les fluctuations de cours des hydrocarbures au niveau international. En ce mois de février 2025, Sonatrach c'est l'Algérie et l'Algérie, c'est Sonatrach procurant avec les dérivées inclus dans la rubrique hors hydrocarbures pour plus de 67% selon les statistiques officielles en 2023/2O24, environ 98% des recettes de l'Algérie. Face aux mutations énergétiques mondiales et à la forte consommation intérieure presque équivalente aux exportations, je propose 12 actions pour améliorer la gestion de Sonatrach. Premièrement, analyser l'impact de l'environnement national et international sur Sonatrach et l'appréciation des domaines où l'interface Sonatrach/ environnement peut être améliorée afin de rendre plus performante l'entreprise et la hisser au niveau de la concurrence mondiale. Deuxièmement, mettre en place un audit financier interne sérieux avec des experts indépendants qui devrait permettre d'identifier les gisements de productivité et les niches de gains de coûts (comparaison avec des compagnies tests) – volume, rentabilité et analyser la stratégie des principales institutions similaires dans le monde sur les plans : technologie – standards et normes- sous-traitance afin de réduire les coûts et d'avoir une stratégie agressive, afin de prendre des parts du marché. Abderrahmane Mebtoul, Professeur des universités, Expert international