Les "paradoxes" de l'université dans la région Afrique du Nord et Moyen-Orient (MENA) ont été déplorés mardi à Alger par un représentant de la Banque mondiale, à l'occasion de la tenue de la 5ème conférence régionale sur l'amélioration de gouvernance et de la qualité dans l'enseignement supérieur. Relevant que la région MENA est "pionnière" dans le domaine des études et des recherches universitaires pour avoir enfanté un savant et sociologue de la trempe de Ibn Khaldoun, M. Shantayanan Dearajan, économiste en chef pour la région MENA à la Banque mondiale, a regretté que la même région connaisse aujourd'hui un "certain déclin" et souffre de la "mauvaise qualité de son enseignement". Cet expert d'origine sri lankaise, a relevé que "les diplômés de cette région ne sont pas bien formés dans des spécialités scientifiques et mathématiques", ce qui explique, a-t-il dit, "un taux de chômage élevé chez les diplômés universitaires". Il a fait observé que la grande majorité des diplômés universitaires de la région MENA sont orientés vers la Fonction publique et des postes administratifs, estimant que "ces diplômés deviennent des bureaucrates". Il a ajouté que "la formation des étudiants devrait être adaptée aux demandes et exigences du secteur économique privé, lequel privilégie les diplômés en sciences exactes et mathématiques". Abordant le volet relatif au financement de l'université dans la région MENA, cet expert a reconnu les "bienfaits" de la gratuité de l'enseignement et la "bonne intention" des pouvoirs de ces pays, estimant toutefois que les aides et les bourses de l'Etat doivent être ciblées pour améliorer le niveau scientifiques des diplômés. Il a relevé que 30% des étudiants issus des milieux aisés profitent de ces aides, lesquelles gagneraient à être "ciblées". Cette conférence de deux jours a pour objectif de développer des compétences à travers la région MENA et d'échanger les meilleures pratiques et expériences relatives à la gouvernance, l'administration et la qualité. Sous le thème "Changement de paradigme dans l'enseignement tertiaire: amélioration de la gouvernance et de la qualité pour la compétitivité et l'employabilité", la conférence est organisée conjointement par le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, la Banque mondiale et le Centre pour l'intégration en Méditerranée (CMI) ainsi que d'autres experts internationaux et partenaires, notamment British council, l'UNESCO et l'Association des universités arabes.