Les frappes aériennes qui ont fait 140 morts parmi les civils au Yémen, menées par la coalition arabe sous commandement saoudien, ont suscité une sévère réprobation internationale, appelant à la création d'un organe indépendant pour enquêter sur les violations des lois humanitaires et l'instauration immédiate d'un cessez-le-feu. Après avoir nié son implication, la coalition arabe avait décidé de lancer une enquête puis avait affirmé samedi avoir commis "par erreur" il y a une semaine un sanglant carnage dans la capitale Sanaa, suite à des "informations erronées", en l'absence des précautions d'usage destinées à éviter les pertes civiles. De ce fait, le Royaume-Uni avait annoncé vendredi vouloir présenter un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU sur le Yémen, appelant à "la fin immédiate des hostilités et à une reprise du processus politique", selon Matthew Rycroft l'ambassadeur britannique auprès des Nations unies. L'initiative britannique au Conseil de sécurité suit le blocage par la Russie, qui dénonce cette coalition conduite par l'Arabie saoudite, d'une déclaration condamnant l'attaque de samedi et appelant à un retour du cessez-le-feu. L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine avait estimé que ce texte, déjà proposé par le Royaume-Uni, était "extrêmement faible et général", jugeant qu'une nouvelle approche diplomatique était nécessaire sur le Yémen. Qualifiant d'"attaque cruelle contre des civils et une violation scandaleuse des lois humanitaires internationales", le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, a réclamé la création d'un organe indépendant pour mener une "enquête complète" sur les violations des droits de l'homme au Yémen, après avoir refusé le mois dernier de mettre en place une telle investigation. "Il faut que des comptes soient rendus sur la conduite effarante de cette guerre", a-t-il déclaré devant des reporters. "J'exhorte le Conseil des droits de l'homme à remplir son devoir et à agir", a-t-il martelé. L'ONG Human Rights Watch avait estimé pour sa part que ces frappes s'apparentaient à un "crime de guerre", appelant les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et d'autres pays à "suspendre immédiatement leurs ventes d'armes à l'Arabie saoudite" et exigé la reprise à Sanaa des vols aériens commerciaux, suspendus en août, pour permettre l'évacuation des blessés ou des malades qui ont besoin de soins à l'étranger. Une enquête internationale indépendante La volonté de traduire en justice les responsables de ce bain de sang a également été exprimée dimanche par les rebelles houthis au Yémen, qui ont réclamé "une enquête internationale indépendante" sur "des crimes de guerre" de la coalition militaire arabe qui les combat. Les résultats de l'enquête "n'innocentent pas" la coalition de "sa violation du droit international humanitaire", ont annoncé les rebelles en citant "un responsable du ministère des Affaires étrangères". Ce responsable a appelé le secrétaire général de l'ONU à "former rapidement une commission d'enquête internationale indépendante (...) sur les crimes de guerre commis au Yémen par la coalition". "Ceux qui ont soutenu ou perpétré ces crimes ne resteront pas dans l'impunité", a-t-il encore assuré. Après une frappe américaine, la première effectuée par les Etats-Unis contre les rebelles houthis, en riposte à un tir de missile "des rebelles Houthis" contre un navire de guerre américain, le Pentagone avait assuré que les Etats-Unis avaient voulu protéger leurs navires et ne cherchaient pas à s'impliquer davantage dans la guerre civile au Yémen. Depuis mars 2015, la guerre au Yémen oppose le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu par une coalition militaire arabe sous commandement saoudien, à des rebelles Houthis, alliés à des forces fidèles à l'ex-chef d'Etat renversé Ali Abdallah Saleh. Le conflit au Yémen a fait près de 6.900 morts, presque pour moitié des civils, selon l'ONU.