La communauté internationale, à sa tête le Royaume-Uni, s'est enfin réveillée pour dénoncer, même à mi-voix, les carnages à répétition sur les civils au Yémen et réclame une enquête indépendante au lendemain du raid qui a fait plus de 140 morts et 554 blessés à Sanaa la semaine dernière. Le Royaume-Uni avait annoncé vendredi vouloir présenter un projet de résolution au Conseil de sécurité de l'ONU sur le Yémen, appelant à "la fin immédiate des hostilités et à une reprise du processus politique", selon Matthew Rycroft, l'ambassadeur britannique auprès des Nations unies. L'initiative britannique au Conseil de sécurité suit le blocage par la Russie, qui dénonce cette coalition conduite par l'Arabie saoudite, d'une déclaration condamnant l'attaque de samedi et appelant à un retour du cessez-le-feu. L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine avait estimé que ce texte, déjà proposé par le Royaume-Uni, était "extrêmement faible et général", jugeant qu'une nouvelle approche diplomatique était nécessaire sur le Yémen. Qualifiant d'"attaque cruelle contre des civils et une violation scandaleuse des lois humanitaires internationales", le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a réclamé la création d'un organe indépendant pour mener une "enquête complète" sur les violations des droits de l'Homme au Yémen, après avoir refusé le mois dernier de mettre en place une telle investigation. "Il faut que des comptes soient rendus sur la conduite effarante de cette guerre", a-t-il déclaré devant des reporters. "J'exhorte le Conseil des droits de l'Homme à remplir son devoir et à agir", a-t-il martelé. Même son de cloche chez l'ONG Human Rights Watch qui a qualifié, elle aussi, vendredi, ces raids de "crime de guerre", appelant les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et d'autres pays à "suspendre immédiatement leurs ventes d'armes à l'Arabie saoudite," et a exigé la reprise à Sanaa des vols aériens commerciaux, suspendus en août, pour permettre l'évacuation des blessés ou des malades qui ont besoin de soins à l'étranger. La volonté de traduire en justice les responsables de ce bain de sang a également été exprimée hier par les Houthis au Yémen, qui ont réclamé "une enquête internationale indépendante" sur "des crimes de guerre" de la coalition militaire arabe qui les combat. R. I./Agences