En victimes collatérales, les populations civiles en paient le prix fort et injuste. Samedi, plus de 140 personnes ont été tuées et 525 autres blessées à Sanaa, selon le coordinateur humanitaire pour l'ONU au Yémen, Jamie McGoldrick, dans des frappes qui ont visé une salle publique où de nombreuses personnes étaient réunies dans l'après-midi pour présenter leurs condoléances suite au décès du père du ministre de l'Intérieur rebelle, Jalal al-Rouichène, a indiqué Sabanews.net. Si la mort du maire de Sanaa, Abdel Qader Hilal, a été confirmée, le sort du minsitre de l'Intérieur, nommé par le président Abd Rabbo Mansour Hadi et resté en poste après la conquête de Sanaa par les rebelles en septembre 2014, et d'autres personnalités présentes à la cérémonie de recueillement reste pour le moment inconnu. Cette énième bavure, inscrite dans la longue liste des attaques aériennes sanglantes (14 morts en août 2016, 119 morts le 15 mars 2016 dans les raids menés contre un marché de la province de Hajj, au nord-ouest de Sanaa, 131 morts à l'occasion d'un mariage le 28 septembre 2015, a été unanimement condamné. « La communauté humanitaire du Yémen est choquée et scandalisée par les raids aériens d'aujourd'hui qui ont visé une salle publique où des milliers de personnes participaient à une cérémonie funéraire », a indiqué McGoldrick. L'attaque « ne restera pas impunie », a averti le Conseil politique suprême, mis en place récemment par les Houthis et leurs alliés, les partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, pointant du doigt la coalition arabe niant puis appelant à une commission d'enquête internationale. Il a appelé ses partisans à « user de tous les moyens pour répondre à ce crime ». Le conseil a en outre appelé les Yéménites à participer hier matin à une manifestation devant le bureau de l'ONU à Sanaa pour protester contre « les crimes de guerre » de la coalition. Le rassemblement a été baptisé « Volcan de la colère ». La coalition arabe au Yémen, conduite par l'Arabie saoudite, qualifiant de « regrettable et douloureux » l'incident se dit prête à associer les Etats-Unis à une enquête « immédiate » sur les raids. « Une enquête immédiate sera diligentée et l'équipe d'enquêteurs est prête à profiter de l'expertise de la partie américaine », a indiqué la coalition dans un communiqué publié par l'agence officielle saoudienne SPA samedi dernier. « Les enquêteurs auront accès aux données concernant les opérations militaires dans le secteur et ses environs, et les résultats seront publiés immédiatement après la fin de l'enquête », a assuré la coalition. Les rebelles houthis ont accusé la coalition sous commandement saoudien d'être responsable des raids aériens qui ont touché de plein fouet une salle où se déroulait une veillée funèbre. Ils ont appelé les Yéménites à participer à une manifestation devant le bureau de l'ONU à Sanaa pour protester contre « les crimes de guerre » de la coalition arabe. L'Arabie saoudite est de nouveau sur la sellette au lendemain d'un carnage ayant fait plus de 140 morts dans la capitale yéménite, Sanaa, qui a poussé Washington à prendre plus de distance avec Riyad. Enlisement et victimes collatérales Depuis le début du conflit actuel en mars 2015, des centaines de civils ont été des victimes collatérales de raids aériens Le gouvernement yéménite, qui avait dû fuir le pays en février 2015, tente actuellement de regagner le terrain perdu, avec l'appui de la coalition arabe. Il a renforcé ses positions dans le sud, mais peine à reconquérir les régions du nord. Des tentatives de favoriser un règlement politique ont échoué en août dernier lors de pourparlers de paix inter-yéménites sous l'égide de l'ONU au Koweït. Vendredi, le médiateur de l'ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed avait évoqué la possibilité d'instaurer une trêve de 72 heures, mais c'était avant le carnage de Sanaa. Trêves avortées A plusieurs reprises, l'ONU tente de promouvoir des cessez-le-feu et des négociations de paix, en vain. La rupture en janvier 2016 des relations diplomatiques entre Riyad et Téhéran entrave ces efforts. L'ONU annonce le 23 mars 2016 un cessez-le-feu qui entre en vigueur le 10 avril. Des pourparlers s'engagent à Koweït mais, trois mois et demi après, ils sont « suspendus » par l'ONU le 6 août et les bombardements aériens reprennent. Le médiateur de l'ONU Ismaïl Ould Cheikh Ahmed a évoqué vendredi la possibilité d'instaurer une trêve de 72 heures.