Les migrants refoulés par l'Australie sur Nauru, île reculée du Pacifique, subissent des conditions de détention assimilables à de la "torture" au regard du droit international, a accusé lundi Amnesty International. L'Australie mène une politique très dure vis-à-vis des migrants, en repoussant systématiquement les bateaux tentant de gagner illégalement ses côtes. Les migrants qui y parviennent sont relégués pour des durées indéterminées dans des camps de rétention sur l'île de Manus, en Papouasie-Nouvelle Guinée, ou sur la minuscule île de Nauru. Même si leur demande d'asile est jugée valide, ils ne sont pas autorisés à s'établir en Australie. Nauru, où vivent un peu plus de 400 hommes, femmes et enfants, s'est retrouvé sous le feu des projecteurs en août lorsque le Guardian Australia a obtenu plus de 2.000 rapports sur des abus et actes d'automutilation présumés. Anna Neistat, directrice de recherche chez l'organisation de défense des droits de l'Homme, explique avoir interviewé plus de 100 personnes -demandeurs d'asile, réfugiés, employés ou ex-employés du camp-- entre juillet et octobre. Ces entretiens "brossent le tableau de personnes en proie au désespoir absolu", dit-elle. Selon le rapport d'Amnesty, il y a une "épidémie de cas d'automutilations" sur Nauru. La quasi totalité des demandeurs d'asile interviewés ont fait état de problèmes de santé mentale. Depuis 2015, les demandeurs d'asile sont libres d'aller et venir sur l'île mais certains d'entre eux ont été victimes d'agressions et de viols, ajoute le rapport. "Le régime de traitement offshore de l'Australie répond à la définition de la torture en termes de droit international", écrit l'organisation. L'Australie est accusée par des organisations de droits de l'homme en outre de gérer le camp de manière opaque. Certains réfugiés ont raconté à AI que ce qu'ils vivaient sur Nauru était plus difficile que ce qu'ils avaient fui. Le gouvernement australien n'a pas réagi immédiatement à ce rapport. Canberra affirme que cette politique radicale sauve des vies en dissuadant les migrants d'entamer le périlleux voyage vers les côtes australiennes. Le gouvernement de Nauru avait rejeté en août les accusations d'abus, affirmant qu'elles avaient été "montées de toutes pièces".