Les forces gouvernementales irakiennes continuaient mercredi leur progression pour reprendre au groupe autoproclamé "Etat islamique" (EI/Daech) la grande ville du Nord, Mossoul, qui constituerait une importante avancée dans le cadre de leur offensive militaire soutenue par la coalition internationale, mettant ainsi en difficulté le groupe terroriste. Au troisième jour de combats, les forces fédérales sont entrées dans plusieurs quartiers de Qaraqosh, suscitant des manifestations de joie parmi les habitants qui s'étaient réfugiés il y a deux ans dans la région kurde proche. Mais les terroristes demeurent encore présents dans cette ville où resteraient très peu de civils, voire aucun. L'offensive, la plus importante menée ces dernières années, a donné lieu à des avancées rapides en deux jours, mais le président américain Barak Obama, à l'instar d'autres leaders occidentaux, a prédit une bataille "difficile" qui peut "durer des mois" selon Paris. Des commandants irakiens ont affirmé que les combattants de l'EI ripostaient avec des attentats suicide mais que les forces gouvernementales progressaient sur les deux fronts de l'offensive. Malgré la difficulté M. Obama se dit "convaincu que l'EI sera vaincu à Mossoul et que cela marquera un nouveau pas vers sa destruction totale". Situation humanitaire inquiétante Le sort des habitants de Mossoul et des localités proches inquiète l'ONU et les ONG, et les Etats-Unis ont déclaré que les éléments de l'EI retenaient les civils "contre leur gré" et s'en servaient comme "boucliers humains". "De sérieuses inquiétudes demeurent sur la protection des civils quand les hostilités vont s'intensifier, plus près des zones densément peuplées", a déclaré le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric. Environ 200.000 personnes pourraient être déplacées "dans les deux premières semaines", un chiffre susceptible d'augmenter de façon significative au fur et à mesure de l'avancée de l'offensive, selon l'ONU. Par ailleurs, "nous nous concentrons sur la sécurité et l'aide humanitaire pour les civils qui échappent aux combats, ce sera une priorité absolue pour nos deux gouvernements", a assuré M. Obama. Le gouvernement britannique, pour sa part, a garanti que la protection et le bien-être des civils à Mossoul "doit être une préoccupation primordiale" faisant appel aux donateurs pour soutenir les besoins humanitaires. Le secrétaire d'Etat britannique au développement international, Priti Patel, a exhorté toutes les parties au conflit à Mossoul de permettre l'accès aux organisations humanitaires, en respect au droit humanitaire international. Il a toutefois, exhorté la communauté internationale à se préparer à une réponse humanitaire, y compris lors des réunions de l'Assemblée générale de l'ONU. Selon l'ONG Save the Children "Des milliers d'Irakiens fuient vers un camp de réfugiés syrien (...) bondé pour pouvoir échapper à l'offensive sur Mossoul". Plusieurs villages libérés "De nombreux villages ont été libérés", a affirmé Sabah al-Numan, le porte-parole des services de contre-terrorisme irakien. Alors que quelque 1,5 million de personnes vivent encore dans la ville, la bataille de Mossoul fait craindre un exode massif de population. Plusieurs organisations humanitaires ont réclamé l'instauration de couloirs sécurisés pour que les civils puissent fuir les combats. Avant d'atteindre les abords directs de Mossoul où seraient retranchés entre 3.000 et 4.500 terroristes, les forces irakiennes avancent sur deux axes: depuis Qayyarah, ville située à environ 70 km au sud de Mossoul, et depuis Khazir à l'est. A Qaraqosh, ville située à 15 km environ au sud-est de Mossoul et contrôlée par l'EI depuis plus de deux ans, l'armée a pris position dans plusieurs quartiers. La coalition internationale a affirmé que 52 cibles avaient été détruites par ses avions au premier jour de l'offensive. Réunion internationale à Paris Une réunion ministérielle avec une vingtaine de pays sera tenue jeudi à Paris pour "préparer l'avenir politique de Mossoul" après l'offensive lancée par le gouvernement irakien et la coalition internationale pour chasser le groupe Daech. Au total, une vingtaine de pays dont les Etats-Unis, la Turquie, les pays du Golfe et les Européens ont été invités à cette réunion co-présidée par le chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault et son homologue irakien Ibrahim Jaafari. "La coalition est face à ses responsabilités. La suite (de Mossoul), c'est Raqa, et faire l'impasse serait une faute grave", a martelé M. Ayrault. "Si on veut lutter efficacement contre le terrorisme, Raqa est une question essentielle", a-t-il poursuivi, tout en reconnaissant que préparer une offensive contre la ville syrienne "demanderait du temps et de la volonté politique". Les forces irakiennes, soutenues par les 60 pays de la coalition internationale contre l'EI, ont commencé lundi leur offensive pour reprendre Mossoul, dernier grand fief du groupe terroriste dans le pays.