Dans l'ouvrage "Casbah d'Alger, patrimoine en péril", l'historien et spécialiste du patrimoine de la Casbah, Mohammed Benmeddour, confronte l'histoire et la beauté d'une cité millénaire à l'autopsie d'une restauration "fébrile" et à un état des lieux des plus "navrants" s'agissant d'un site classé au patrimoine mondial de l'Unesco. Dans cet ouvrage, livre d'histoire et le Beau livre à la fois, de 158 pages paru aux éditions "Houma" -est présenté au 21e Salon international du livre (SILA)- l'auteur retrace l'histoire de la Casbah depuis la régence d'Alger à nos jours, en passant par les différentes mutations de l'époque coloniale. La première partie de cette œuvre est consacrée à l'histoire de la Casbah et quelques-uns de ses édifices symboliques comme les portes de la ville, ses palais, ses mosquées, ses fortifications et Sidi Abderahamane Ethaâlbi, Saint Patron d'Alger. L'auteur s'arrête longuement sur les différentes destructions et modifications, subies par la vieille cité -sous la régence ottomane puis sous occupation française- comme la démolition de lots de maisons pour édifier palais et demeures de notables (époque turque). Il cite également un rapport de l'armée coloniale datant d'août 1830 et faisant état de saccage, voire de destruction, "de 900 maisons de campagne et de la plupart des documents administratifs" de la ville, poussant "plus de 20 000 habitants de la Casbah" à immigrer vers le Moyen Orient. A la même époque, plusieurs îlots ont également été démolis pour laisser place à des immeubles de style européen avec création de voies carrossables. L'auteur consacre également dans cet ouvrage un chapitre à la citadelle d'Alger, revenant sur l'histoire de ce palais, bâti en 1592 par le Mâallem Moussa El Andaloussi, et qui avait abrité des casernements avant de devenir le centre du pouvoir politique, administratif et militaire des deux derniers Deys d'Alger. Mohamed Benmeddour rapporte qu'à l'indépendance "Dar Es Soltane" avait été squattée par 60 familles, qui y avaient apporté d'autres modifications, avant que sa restauration -non encore terminée- ne soit confiée en 1985 à un bureau d'études polonais, puis à l'Ogebc (Office de gestion et d'exploitation des biens culturels). Ancien cadre l'Office, l'auteur évoque la restauration de la Casbah d'Alger qui, à ce jour, n'a pas encore connu d'avancée significative en raison du "retard dans les travaux d'urgence" qui s'éternisent depuis "plus de dix ans", signale-t-il, affirmant que le projet a été doté d'une enveloppe "suffisante". 600 bâtisses de la Cabah d'Alger -sur un total de 15 000 demeures dénombrées durant la période ottomane- encore récupérables, atteste l'auteur dans ses rapports. Cette partie de l'ouvrage est augmentée de photographies prises dans les rues de la Casbah pour illustrer l'état de délabrement des rues et bâtisses de l'antique cité. Une série d'une soixantaine de gravures et peintures de la Casbah à l'époque ottomane, issue d'une collection personnelle de l'auteur, a également été numérisée et publiée dans cet ouvrage. Natif de la Casbah d'Alger et diplômé de l'Ecole d'architecture et des Beaux-arts, Mohamed Benmeddour est chercheur spécialisé dans le patrimoine matériel et immatériel. Il a déjà publié 43 ouvrages et produit plusieurs émissions de télévision et de radio consacrées au patrimoine culturel algérien.