L'intergroupe "paix pour le peuple sahraoui" au Parlement européen compte saisir prochainement la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini pour exiger la "libération immédiate" de tous les prisonniers politiques sahraouis, a-t-il fait savoir, dénonçant les mauvais traitements dont sont victimes les détenus sahraouis dans les prisons marocaines. "L'intergroupe s'adressera à la haute représentante, Mme Mogherini, pour que la libération de tous les prisonniers politiques sahraouis à la demande du Parlement européen soit obtenue dans les plus brefs délais", a-t-il indiqué dans un communiqué publié quelques jours après la réunion consacrée à la situation des prisonniers politiques sahraouis dans les prisons marocaines. L'intergroupe a jugé, à ce titre, "urgent" que la mission des Nations unis pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental (Minurso) "veille à ce que le suivi et le respect des droits de l'homme de la population sahraouie soient inclus dans son mandat". Selon les membres de l'intergroupe, venus de divers horizons politiques européens, les violations graves par les autorités marocaines des droits de l'homme de la population sahraouie vivant dans les territoires occupés ont augmenté en dépit de nombreux appels de la communauté internationale. "Le rapport sur la situation des prisonniers politiques sahraouis dans les prisons marocaines, couvrant les trois dernières années, a présenté des preuves concrètes de torture, de négligence médicale, de mauvais traitements et de non-respect des règles minimum des Nations Unies sur le traitement des détenus", a souligné l'intergroupe dans son communiqué. Evoquant les différentes méthodes de tortures pratiquées dans les prisons marocaines contre les Sahraouis, l'activiste portugaise Isabel Lourenço avait fait état d'"au moins 30 techniques différentes" utilisées par les forces marocaines d'occupation. Dans une déclaration à l'APS au lendemain de la présentation de son rapport 2016 sur la situation des prisonniers politiques sahraouis devant les membres de l'intergroupe, Isabel Lourenço avait assuré que "la détention arbitraire, les enlèvements, les mauvais traitements et la torture sont une réalité" dans les prisons marocaines, affirmant même qu'il s'agit d'une "pratique courante" à l'égard des prisonniers sahraouis. Selon cette activiste, la situation des prisonniers politiques sahraouis dans les prisons marocaines est "insoutenable" et constitue "une violation grave" du droit international, précisant que plus de 60 prisonniers politiques sahraouis actuellement dans les prisons marocaines, sont humiliés, quotidiennement, par les gardiens, qui encourageaient également les autres prisonniers à les maltraiter. Rappelant la résolution du Parlement européen du 25 novembre 2010 sur la situation au Sahara occidental, l'intergroupe a "dénoncé, une nouvelle fois, la persécution, la répression et la détention illégale de prisonniers politiques sahraouis par les forces marocaines d'occupation". L'intergroupe a souligné, en particulier la situation des prisonniers politiques du groupe de Gdeim Izik, détenus actuellement à la prison d'El Arjat, rappelant que ces Sahraouis, "victimes de procédures judiciaires illégales et de torture devraient être libérés selon le droit international et les rapports présentés par de nombreuses ONG, ainsi que par le groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations Unies". L'intergroupe a exprimé, en outre, son "inquiétude" face à la violation du cessez-le-feu par le Maroc dans la zone tampon d'Al Guergarat, estimant que cette manœuvre marocaine "menace la paix dans la région". "Le conflit du Sahara occidental doit prendre fin pour parvenir à la stabilité et à la justice. Il est impératif que les résolutions des Nations Unies datant de plusieurs décennies concernant le Sahara occidental soient mises en œuvre afin de parvenir à une solution juste et durable", a souligné l'intergroupe qui tient l'UE pour "responsable" de la situation, exhortant cette dernière à "contribuer à la réalisation de cet objectif". Par ailleurs, l'intergroupe a "condamné à l'unanimité" l'expulsion de Mme Suelma Beiruk, vice-présidente du Parlement panafricain, par les autorités marocaines qui l'ont empêché de participer à la conférence onusienne sur le climat (COP22) à Marrakech en raison de ses positions politiques en faveur de l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental. Pour l'intergroupe, le geste du Maroc constitue "une violation du droit international" d'autant que Suelma Beiruk voyageait avec un document diplomatique délivrée par l'Union africaine (UA). "La délégation du Parlement panafricain a quitté la COP22 pour protester. L'Afrique est l'un des continents les plus touchés par le changement climatique et il est regrettable que le manque de respect du droit international par le Maroc ait conduit à l'absence d'une importante délégation à cet événement", a-t-il indiqué.