Les listes électorales des partis en course pour siéger à l'hémicycle de l'Assemblée populaire nationale (APN) le 4 mai prochain, enregistrent une "faible" présence des intellectuels pour diverses raisons autour desquelles les avis demeurent partagés entre ceux qui endossent la responsabilité de cette "marginalisation" aux seules formations politiques et ceux qui estiment que les intellectuels "ont opté sciemment" pour ce retrait. En Algérie et dans le monde arabe de manière générale, la culture ne suscite toujours pas un "intérêt particulier" car "la politique et l'économie sont quasiment prédominants", a déclaré Zhour Ounissi, écrivaine et ancienne ministre, estimant que celle-ci est considérée comme "une activité de divertissement détachée de la réalité". Elle a appelé à ce propos, l'intellectuel algérien à "affirmer sa présence à travers son message et son arme culturelle redoutable", indiquant que la politique dès lors qu'elle se dissocie de la culture, sombre inéluctablement dans "la corruption et l'échec". Elle a qualifié également la politique de "jeu malpropre et immoral" et il est par conséquent, selon elle, du devoir de l'intellectuel de procéder à sa "moralisation" d'autant plus qu'il s'agit là d'une qualité sociétale innée, citant l'exemple de nombreux politiques intellectuels dans l'histoire de l'Algérie contemporaine comme Taleb Ibrahimi et Boualem Bessaieh. De son côté, le directeur général du Théâtre national algérien (TNA), Mohamed Yahiaoui, a affirmé que l'absence de l'intellectuel des élections législatives et de la politique en général, "a influé négativement sur le rendement" des partis, exhortant ainsi les intellectuels, toutes appartenances confondues, à "s'imposer et à occuper de facto le devant de la scène". Il a insisté également sur la nécessité pour l'intellectuel et l'artiste d'assumer un "rôle prépondérant" au sein de ces partis politiques afin d'assurer la "présence d'une élite intellectuelle et cultivée" à qui sera confiée la direction du pays. Khaouala Ibrahimi, académicienne et linguiste, a déploré la situation des intellectuels et s'est interrogée sur leur "rôle véritable" au sein de la société, précisant que l'intellectuel algérien "est occulté... depuis l'indépendance" puis "a fini par s'est éclipsé". "Parfois, il fait dans la critique subjective et parfois il émet des idées neutres qui n'apportent aucune plus-value à la société", a-t-elle tenu à dire pointant du doigt les hommes politiques sans blâmer pour autant l'intellectuel. Elle a jugé important pour l'intellectuel d'afficher une "position politique" à l'égard des "questions majeures" de la Nation, rappelant que sa participation se devait d'être plus audacieuse dans les batailles politiques s'il croyait réellement en son rôle et en la liberté de pensée. Il est tout à fait en mesure d'affirmer son poids sur une scène politique marquée par l'"immoralité et le faible niveau du débat", a-t-elle argué. D'autre part, le président du réseau algérien de l'information culturelle, Mohamed Baghdad, également journaliste et académicien à l'université de Médéa, a imputé le manque d'intérêt des intellectuels quant à une participation aux législatives à des "résidus historiques", soulignant que ces derniers avaient une "approche erronée" dans le sens où ils estiment que "le politique leur suffit" et que la politique "n'est pas leur cheval de bataille bien que celle-ci implique la gestion des affaires publiques dans leurs différents aspects". Il a salué toutefois, ceux qui ont osé entré en lice à l'instar de l'historien Rabah Lounissi d'Oran et les deux poètes Soumeya Mebarki d'El Oued et Mohamed Kebik de Médéa. Le romancier Amine Zaoui affirme quant à lui, que l'absence d'intellectuels des listes électorales des partis participant aux prochaines législatives est due à leur non adhésion à ces derniers, faisant remarquer que ces formations avaient une "appréhension et hantise" de la présence de cette catégorie en raison de leur niveau "intellectuel, culturel et de leur sens de la critique qui les distinguent". Pour sa part, le président de l'association artistique et culturelle "Troisième millénaire", Sid Ali Bensalem, abonde dans le même sens en déclarant qu'en Algérie, les partis politiques "ne se rapprochent pas de l'artiste", déplorant que leurs directions "ne manifestent aucune curiosité" à l'égard de la culture. La présentation de la candidature d'un intellectuel ou d'un artiste à une échéance électorale "n'induit aucune problématique et reste une liberté individuelle", a-t-il renchéri. Selon le réalisateur théâtral et commissaire du Festival international du théâtre professionnel de Bejaïa, Amar Fatmouche, l'activité de l'artiste "revêt un caractère purement créatif et n'a aucun rapport avec la politique", relevant que la politique est "une pratique qui n'a de lien ni avec l'art ni avec la création ni avec le sens de la noblesse". Les artistes exercent la politique selon leur propre concept ou leur talent artistique loin de toute promesses mensongère et tout intérêt étroit", a-t-il poursuivi dans ce sens avant de dire qu'il leur était possible de revendiquer leurs droits à travers des rencontres et une structuration au sein de syndicats d'associations et de fédérations ou même à travers une activité artistique engagée". Bien que les avis d'intellectuels et de chercheurs divergent autour de la notion de l'intellectuel, de son rôle et de ce qui le distingue des autres composantes de la société, plusieurs partis en lice s'attardent cependant sur le nombre de diplômés universitaires que comptent leurs listes. Le parti du Front de libération nationale (FLN) annonce que sur les 614 candidats, "70%" sont des diplômés universitaires, a affirmé son secrétaire général, Djamel Ould Abbes, alors que l'Alliance nationale républicaine (ANR) se targue elle, d'un taux de "86%" détenteurs de licences en Magister et Doctorat sur un total de 321 candidats. Le Front Al Mostaqbal confie enfin, que sur les 527 candidats, "70%" sont des universitaires et détenteurs de Magister et Doctorat.