Les résultats du premier tour de l'élection présidentielle laisse indiquer que le visage de la politique française a amorcé un changement, ont estimé lundi de nombreux analystes, après la disqualification de la droite et de la gauche, dont leur recomposition est ouverte. La Ve République, actuelle forme du régime politique français, instaurée le 4 octobre 1958, semble ainsi connaître une nouvelle ère qui s'éloigne du clivage droite-gauche qui a structuré la vie politique française depuis soixante ans. Le vainqueur du premier tour, le fondateur du mouvement En Marche !, Emmanuel Macron, a déjà annoncé la couleur en affirmant, dimanche soir, que l'on tourne clairement aujourd'hui une page de la vie politique française. En une année, nous avons changé le visage de la vie politique française, a-t-il ajouté devant ses partisans. La presse française de lundi parle d'un vrai désir de la jeunesse de se tourner vers l'inhabituel. Echec de la droite malgré la décéption vis-à-vis du quinquennat de François Hollande L'échec de la droite, qui se voyait en novembre dernier au pouvoir après la déception des Français vis-à-vis du quinquennat de François Hollande, qui a renoncé d'ailleurs à briguer un deuxième mandat, est dû, selon des observateurs, aux affaires du candidat François Fillon (Les Républicains), qui est resté inaudible aux appels à son retrait de la course présidentielle, estimant qu'il organisait sa campagne entre démagogie et mensonges. Les ténors de son parti, à l'image de Nicolas Sarkozy et d'Alain Juppé, ont choisi de faire le service minimum durant toute la campagne de Fillon, relégué au premier tour à la troisième place (19,9 %), après Emmanuel Macron (23,75 %) et Marine Le Pen (21,53 %). Son concurrent de gauche, le candidat du Parti socialiste (PS), Benoît Hamon, a quant à lui enregistré un score historiquement bas, avec seulement 6 % des suffrages, loin derrière Jean-Luc Mélenchon, (19,6 %) également éliminé. Dans le camp du parti, boosté à l'époque par François Mitterrand, des voix s'élèvent pour une recomposition de la gauche, que Jean-Luc Mélenchon a tenté de la positionner parmi les premiers, et à une refondation du PS, en fin de cycle et dont l'avenir politique, dans la perspective de l'échéance des législatives (11 et 18 juin), est pour le moment dans le flou, soutient-on. "J'ai échoué", a-t-il déclaré dimanche soir. Benoît Hamon a estimé que cet échec est une profonde meurtrissure et une défaite morale, en particulier pour la gauche. C'est ainsi que les deux victorieux incarnent désormais le nouveau clivage, estime-t-on, avec un Emmanuel Macron qui n'a eu de cesse de se qualifier ni de droite ni de gauche et Marine Le Pen qui se définit comme une antisystème ambitionnant une rupture. La bataille du second tour a déja commencé La bataille pour le second tour a déjà commencé et les sondages ont repris pour mettre le candidat d'En Marche!, à une marche de l'Elysée. Il sera, s'il est élu, le plus jeune président de la République française. Depuis dimanche soir, il a reçu pratiquement les soutiens des plus importantes tendances et personnalités politiques pour barrer la route à sa concurrente, considérée comme un danger à la République. Selon deux sondages publiés dimanche soir, Emmanuel Macron s'imposerait avec 62 ou 64% des voix le 7 mai prochain. Il a enregistré de nombreux ralliements : Benoît Hamon, le Premier ministre Bernard Cazeneuve, l'ancien Premier ministre Manuel Valls, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, et le président François Hollande. A droite, il reçu le soutien de François Fillon, Alain Juppé et François Baroin.