L'UE et le Royaume-Uni sont parvenus vendredi à un accord sur les trois domaines prioritaires des négociations du Brexit, permettant de passer à la seconde étape portant sur leur future relation commerciale. Après des négociations marathon menées ces derniers jours, la Commission européenne a annoncé tôt vendredi que "des progrès suffisants ont été accomplis" dans chacun des trois domaines prioritaires que constituent les droits des citoyens, le dialogue sur la frontière entre l'Irlande et l'Irlande du Nord et le règlement financier, tels que définis dans les orientations du Conseil européen du 29 avril 2017. L'exécutif européen a recommandé, ainsi au Conseil européen à 27 de conclure que des progrès suffisants avaient été accomplis au cours de la première phase des négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l'UE. L'annonce a été faite après une brève rencontre matinale entre le président de la Commission européenne, Jean Claude Juncker et la Première ministre britannique, Theresa May à Bruxelles. Cependant, il appartient aux 27 autres Etats membres de l'UE de décider lors de leur sommet prévu le 15 décembre à Bruxelles, si des progrès suffisants ont été effectivement réalisés pour passer à la deuxième étape des négociations. Le chef de l'exécutif européen, Jean Claude Juncker s'est dit, à ce titre, "confiant", soulignant sa satisfaction de "l'accord équilibré" conclu avec le Royaume-Uni. "Si les 27 Etats membres acceptent notre évaluation, nous, la Commission européenne et notre négociateur en chef Michel Barnier, sommes prêts à entamer immédiatement les travaux de la deuxième phase des négociations", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse conjointe avec Theresa May. Qualifiant cet accord de "première avancée", le président de la Commission européenne s'est engagé à "associer très étroitement" le Parlement européen tout au long de ce processus, étant donné que celui-ci devra ratifier l'accord final de retrait. Construire une nouvelle relation Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a estimé pour sa part que le plus difficile reste à venir. "Nous savons tous que rompre est difficile mais que rompre et construire une nouvelle relation est bien plus difficile", a-t-il déclaré, regrettant que "beaucoup de temps ait été consacré à la tâche la plus facile" "(...) maintenant (...), nous avons, dans les faits, moins d'une année" avant la sortie du Royaume-Uni de l'UE, prévue en mars 2019, a-t-il précisé, affirmant, toutefois, que les Européens sont "prêts à enclencher les préparatifs d'un partenariat étroit entre le Royaume-Uni et l'UE". Il a cité, à ce titre, la coopération dans le domaine commercial, de la lutte contre le terrorisme et le crime international, ainsi que dans le domaine de la sécurité, de la défense et de la politique étrangère. Le président du Conseil européen a prévenu le Royaume-Uni qu'il devra respecter l'ensemble de la législation européenne durant la période de transition. Le négociateur en chef de la Commission européenne, Michel Barnier a affirmé, quant à lui que l'évaluation de la Commission est "fondée sur les progrès concrets et réels" qui ont été accomplis dans chacun des trois domaines prioritaires. "C'est en nous mettant d'accord sur ces questions, et en soldant les comptes du passé, que nous pourrons avancer et examiner nos relations futures dans la confiance", a-t-il ajouté. Les citoyens de l'Union vivant au Royaume-Uni et les citoyens britanniques installés dans l'UE-27 conserveront les mêmes droits une fois que le Royaume-Uni aura quitté l'UE, a assuré la Commission européenne, soulignant qu'elle a aussi fait en sorte que les éventuelles procédures administratives soient peu coûteuses et simples pour les citoyens de l'Union au Royaume-Uni. En ce qui concerne l'accord financier, le Royaume-Uni s'est engagé à honorer ses engagements financiers, selon la Commission européenne qui ne précise pas le montant de la facture que les Britanniques devront payer avant de quitter l'UE. Des médias britanniques et européens avaient estimé la somme entre "45 et 55 milliards d'euros". Pour ce qui est de la frontière entre l'Irlande et l'Irlande du Nord, le Royaume-Uni reconnaît la singularité de l'île d'Irlande et a pris des engagements importants pour éviter la mise en place d'une frontière physique, a indiqué l'exécutif européen. "Nous garantirons qu'il n'y aura pas de frontière dure" entre l'Irlande et l'Irlande du Nord, a assuré Theresa May lors de la conférence de presse commune avec Jean Claude Juncker. L'UE a insisté, dés le début de négociations, sur l'importance que les négociations sur le Brexit ne compromettent pas l'accord de Belfast (accord du vendredi saint) qui a mis fin à 30 années de violences en Irlande en 1998. Elle a exigé qu'une frontière physique ne soit pas instaurée entre l'Irlande du Nord, province britannique, et l'Irlande.