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« Les ténèbres de la conquête : massacres et enfumades en Algérie »
Un temps de réflexion :
Publié dans La Nouvelle République le 16 - 03 - 2025

L'histoire de la colonisation française en Algérie est jalonnée d'actes d'une brutalité extrême. Derrière le récit officiel d'une conquête « civilisatrice », les faits témoignent d'une entreprise de destruction systématique. Parmi les épisodes les plus tragiques figurent les massacres d'El Ouffia en 1832 et les enfumades des grottes du Dahra en 1845. Ces crimes de guerre, commis au nom de la pacification, incarnent l'une des pages les plus sombres de l'histoire coloniale française.
1832 : les massacres d'El Ouffia et la terreur du duc de Rovigo
Dès le début de la colonisation, la violence s'imposa comme la méthode privilégiée de l'administration militaire française. À Alger, le duc de Rovigo, ancien aide de camp de Napoléon, gouvernait avec une main de fer. Il considérait que seule la terreur permettrait de soumettre la population algérienne.Le 6 avril 1832, il ordonna une expédition punitive contre la tribu des El Ouffia, accusée – sans preuve – d'avoir attaqué des colons. À l'aube, les soldats français encerclèrent leur campement, endormi. L'attaque fut rapide et d'une extrême brutalité : « Nous avons pénétré dans le camp, et, sans bruit, nous avons égorgé tous ceux que nous avons trouvés dans leurs tentes. Hommes, femmes, enfants : nul n'a été épargné. »Au total, plus d'un millier de personnes furent massacrées en quelques heures. Ceux qui tentèrent de fuir furent traqués et abattus. Le lendemain, Rovigo fit piller les maigres biens des victimes avant de livrer leurs terres à la colonisation. Cette tuerie indigna même certains responsables français, notamment le baron Pichon, administrateur civil. En 1833, il témoigna devant une commission d'enquête mise en place en métropole. Le rapport qui en résulta dénonça des exécutions arbitraires et des massacres injustifiables :« Nous avons envoyé au supplice, sur un simple soupçon et sans procès, des gens dont la culpabilité est restée plus que douteuse depuis. [...] Nous avons égorgé, sur un soupçon, des populations entières qui se sont ensuite trouvées innocentes. » Mais Rovigo, malade, échappa à toute sanction. Il quitta l'Algérie en mars 1833 et mourut à Paris quelques semaines avant la publication du rapport. Ironie de l'histoire, en 1846, un village de colonisation fut baptisé Rovigo, en hommage à celui qui avait ordonné l'un des premiers massacres de l'Algérie française.
1845 : l'enfumade des grottes du Dahra
Treize ans après les massacres d'El Ouffia, la machine de guerre coloniale continua son œuvre de destruction. À l'ouest du pays, dans le massif du Dahra, la résistance des tribus locales était farouche. Le gouverneur général Thomas Bugeaud, promoteur de la guerre totale, ordonna d'exterminer ceux qui refusaient la soumission. Son ordre à ses officiers était sans équivoque . « Si ces gredins se retirent dans leurs cavernes, fumez-les à outrance, comme des renards. » Le 18 juin 1845, le général Aimable Pélissier, à la tête d'une colonne de 2 254 soldats, traqua les tribus Ouled Riah, qui se réfugièrent dans les grottes du Frechich. Refusant de livrer bataille en terrain découvert, il décida de les anéantir autrement : en les asphyxiant. Les soldats entassèrent du bois et du soufre à l'entrée des cavernes et mirent le feu. Pendant quatorze heures, une fumée toxique envahit les grottes, étouffant lentement les hommes, les femmes et les enfants pris au piège. Quelques jours plus tard, les Français pénétrèrent dans la grotte. La scène qu'ils découvrirent était insoutenable. Un témoin espagnol, présent sur place, décrivit l'horreur dans un article publié par le journal Heraldo : « À l'entrée se trouvaient des animaux morts, enveloppés de couvertures de laine qui brûlaient encore. Tous les cadavres étaient nus, dans des positions qui indiquaient les convulsions qu'ils avaient dû éprouver avant d'expirer. Le sang leur sortait par la bouche. Mais ce qui causait le plus d'horreur, c'était de voir des enfants à la mamelle gisant au milieu des débris. »L'indignation fut immédiate. Dès le 11 juillet, le prince Napoléon-Joseph Ney prit la parole devant la Chambre des Pairs à Paris :« C'est un meurtre consommé avec préméditation sur des Arabes réfugiés sans défense. » Même le maréchal Soult, ministre de la Guerre, fut contraint de condamner l'acte... tout en s'abstenant d'infliger la moindre sanction à Pélissier.Pire encore, loin d'être inquiété, Pélissier fut promu maréchal de France en 1855 et nommé gouverneur général de l'Algérie en 1860.
Une mémoire effacée
Aujourd'hui, ces crimes de guerre restent encore largement méconnus du grand public en France. Si l'Algérie en a gardé un souvenir douloureux, en France, les noms de Rovigo et Pélissier continuent d'être honorés sur des plaques de rues et des monuments. À Alger, en revanche, les martyrs d'El Ouffia et du Dahra ne sont pas oubliés. Ces massacres, longtemps occultés par les récits officiels de la colonisation, sont devenus des symboles de la barbarie impériale.Et pourtant, il reste un dernier affront à la mémoire des victimes : le village de Rovigo, rebaptisé Bougara après l'indépendance, a vu son histoire peu à peu disparaître des récits officiels. L'Algérie n'a pas oublié, mais la France, elle, a fait de ses bourreaux des héros.Ainsi, la fumée des grottes du Dahra s'est dissipée, mais l'ombre des crimes coloniaux plane toujours sur l'histoire.
Sources et références
Cet article repose sur plusieurs documents historiques et témoignages directs :Le rapport de la Commission d'enquête de 1833, dénonçant les exactions du duc de Rovigo.Les écrits du baron Pichon, administrateur civil en Algérie.Les rapports militaires français, notamment ceux du général Pélissier sur les enfumades de 1845.Les articles de presse de l'époque, comme ceux du Constitutionnel et de Heraldo. Les travaux d'historiens contemporains, notamment Olivier Le Cour Grandmaison (Coloniser. Exterminer), Pierre Vidal-Naquet et Benjamin Stora.Ces événements, bien que largement occultés en France, restent des marqueurs profonds de la mémoire algérienne. Une mémoire qu'aucune tentative d'effacement ne pourra faire disparaître.


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