Les Algériens sont de plus en plus nombreux, ces dernières années, à s'approprier et à s'identifier à Yennayer, le nouvel an amazigh qui les fédère autour de festivités nationales à forte et multiple symbolique, d'autant qu'elle bénéficie désormais de la reconnaissance officielle. "Les Algériens ont également leur réveillon. Ils ont Yennayer qu'ils fêtent chaque année". Que de fois n'a-t-on entendu cette assertion, si révélatrice du sentiment de fierté d'appartenance à une identité culturelle qui est propre au peuple algérien et qui par, ailleurs, partagée avec d'autres peuples par certains aspects , souligne Malika D, cadre dans une entreprise nationale. "Contrairement au reste de l'année, chacun doit manger lors de Yennayer à satiété pour présager d'une année fertile", souligne-t-elle, tout en rappelant que ce principe est né de la tradition qui consistait à ce que "les riches donnent aux pauvres", sous la bienveillance d'un "chef de tribu ou de village ayant pour mission de prémunir tout le monde de la faim, en temps de rude froid". "C'est cette moralité de la solidarité qui est perpétuée, de nos jours, entre autres, à travers le carnaval des Béni Snouss", note-elle, avant d'observer que Yennayer est également "un jour de bilan familial et économique". Au niveau institutionnel, le caractère national de Yennayer est mis en avant à travers le choix du programme des festivités tracé par le Haut Commissariat à l`Amazighité (HCA) qui a opté pour la capitale de l'Ouest, Oran, pour marquer le début des célébrations, alors que la ville de Touggourt (Ouargla), dans le sud du pays, en abritera la clôture. Le retour de Yennayer sur la scène nationale, porté depuis 2002 par la reconnaissance de la langue amazigh comme langue nationale puis son officialisation en 2016, a entraîné dans son sillage un regain d'intérêt de la part des médias qui consacrent désormais des espaces plus conséquents à tout ce qui a trait aux rituels liés à cet héritage séculaire. Pour beaucoup, cette "mise à l'honneur" de Yennayer n'est qu`un "juste retour" des choses à leurs sources.