Les habitants de l'Ahaggar (wilaya de Tamanrasset) restent toujours attachés à des traditions très anciennes de célébration du nouvel an amazigh, reflétant les valeurs de solidarité et d'entraide dans la préparation de la terre pour la nouvelle saison agricole. Différentes activités sont menées à cette occasion par les populations de l'Ahaggar à travers les différentes localités de la région, notamment à travers des campagnes de volontariat "Touiza" pour le labour des terres, à tour de rôle chez les différents propriétaires d'exploitations agricoles. C'est aussi l'occasion d'organiser des repas collectifs et de se rassembler pour passer en revue la situation de la saison agricole dans ses différents aspects, dont l'état des cultures et la nature des zones de parcours ovins et camelins, mais aussi pour implorer le Tout puissant de leur accorder une année agricole abondante. Des offrandes et donations sont distribuées également à l'occasion du nouvel an amazigh, dans une tradition connue localement sous le nom de "Takouti" et qui est très répandue dans la région. Tazrouk (200 km Nord-est de Tamanrasset), à vocation agricole, est l'une des régions où se manifeste cette tradition ancestrale et d'où est habituellement lancée la campagne des labours-semailles de blé, a indiqué un habitant de la localité, Ahmed Karzika. Pour la circonstance du nouvel an amazigh, les femmes distribuent de petites poignées de blé aux enfants et préparent des plats traditionnels relevés avec de la viande séchée (généralement conservée à partir du mouton de l'Aid El-Adha), a-t-il ajouté. Seddiki Abdallah (anthropologue), membre actif du mouvement associatif local, estime que les différents aspects de célébration de Yennayer dans l'Ahaggar constituent un héritage culturel qu'il appartient de préserver. Il invite, pour cela, les académiciens et les chercheurs à braquer les lumières sur ces traditions anciennes liées à la célébration de l'avènement du nouvel an amazigh, afin d'approfondir les études à leur sujet et les inventorier pour les préserver de l'oubli et de la disparition, mais aussi d'assurer leur transmission entre les générations, au regard de leur importance pour la préservation de l'identité en tant qu'élément de la culture amazighe. M. Seddiki a, dans ce cadre, salué la décision du Président de la République Abdelaziz Bouteflika, d'officialiser la date du 12 janvier de chaque année comme fête nationale, ce qui, souligne-t-il, contribuera à la sauvegarde de la culture amazighe dans les différentes régions du pays et la consolidation des fondements de l'identité nationale.