Le moudjahid El Ouardi Ben Mohamed Ben Abdellah Guetal, décédé vendredi à Tébessa, était un cadre connu de l'Armée de libération nationale (ALN) dans la wilaya Une historique et l'une des figures les plus marquantes de la lutte pour la liberté dans les Aurès-N'memcha. Avec la disparition d'El Ouardi Guetal, inhumé hier au cimetière Sidi Kherif, situé dans le quartier Larmout à Tebessa, une mémoire vivante des deux premières années de la Guerre de libération nationale dans les Aurès-Nemamcha, vient de s'éteindre. Parmi les rares Moudjahidine ayant pris part, la nuit du 1er Novembre 1954, au déclenchement du combat libérateur dans les Aurès, qui étaient encore de ce monde, à l'instar d'Ahmed Guedda, un baroudeur auréssien des maquis de 1947, toujours vivant, figure Guetal, un héro connu dans la région frontalière de Tebessa par ses convictions nationalistes dès son jeune âge. Guetal, ce natif de Stah Guentis (115 kms au sud-ouest de Tebessa, sur les frontières algéro-tunisiennes), fut l'un des héros de la bataille d'El Djorf, le 22 septembre 1955, l'une des plus grandes et célèbres batailles menées par l'ALN. Connu par son courage, il fut parmi les officiers de l'ALN ayant encadré les quelques 300 Moudjahid de la wilaya Une historique, lors de cette bataille pour laquelle l'armée coloniale avait mobilisé, selon des historiens, près de 40.000 hommes pour encercler la région d'El Djorf. Il était, en effet, aux côtés de Chihani Bachir, Abbas Laghrour, Adjel Adjoul et Ferhi Sa. Pour le Pr Farid Nasreddine, chef du département histoire et archéologie à l'Université Larbi Tebessi, ce haut-fait d'arme qui s'est déroulé sur deux semaines entières, intervenait deux jours après l'offensive du Nord-constantinois (20 août 1955) durant la toute première année de la glorieuse Révolution de novembre 1954 et constitue la 3ème plus importante opération militaire dans toute la région 1 historique Aurès-Nememcha. Les chefs de la Révolution avaient surnommé leur tactique durant cette bataille "tactique de l'assaut montagneux" qui consiste à utiliser les grottes et les rochers en attirant l'ennemi vers des sites où il lui sera difficile de tirer avantage de sa suprématie aérienne, expliquait le même universitaire , en notant que ces faits sont également attestés par nombre d'officiers français dont Pierre Clostermann dans son ouvrage "Appui-feu sur l'Oued Helaïl". Le défunt El Ouardi Guetal avait une solide culture religieuse et des connaissances significatives en matière de littérature arabe, pour avoir appris le saint Coran dès son jeune âge, avant de poursuivre ses études à Naftah en Tunisie. Il fréquenta l'Institut de Cheikh Abdelhamid Ibn Badis, avant de s'engager dans la lutte armée en Novembre 1954. Après avoir pris part à plusieurs batailles jusqu'à 1956, dont les batailles d'Oum Lakmakem et Djebl Argou, il s'installa au Caire (Egypte) avant de revenir en 1962 à Tebessa. Avec la perte d'El Ouardi Guetal, la wilaya Une historique vient de perdre un de ses farouches combattants et une figure de proue de la lutte pour l'indépendance.