La nouvelle élue musulmane au Congrès, Ilhan Omar, a subi lundi les foudres des dirigeants démocrates pour avoir suggéré que le lobby juif à Washington, Aipac, achetait le soutien des hommes politiques américains à Israël. Faisant fi du principe de la liberté d'expression garanti par la constitution américaine, cinq leaders démocrates, y compris la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, ont dénoncé lundi les propos de l'élue musulmane qualifiés "d'antisémites", lui exigeant de présenter des excuses. Les dirigeants démocrates ont reconnu que "la critique légitime des politiques d'Israel est protégée par les valeurs de liberté d'expression et le débat démocratique", estimant toutefois que "le recours d'Ilhan Omar, membre du Congrès, aux tropes antisémites et aux accusations préjudiciables contre les sympathisants d'Israël est profondément choquant ". "Tout tourne autour des Benjamins, baby", a tweeté dimanche la législatrice musulmane", en référence aux billets de cent dollars, qui portent l'effigie de Benjamin Franklin, le père fondateur des Etats-Unis. Ilhan Omar réagissait à un autre tweet du célèbre journaliste Glenn Greenwald qui a jugé " effarant " que des chefs politiques américains puissent défendre une nation étrangère, même en " s'attaquant au droit à la liberté d'expression des Américains ". Glenn Greenwald critiquait le dirigeant républicain, Kevin McCathy, qui a promis de prendre des mesures contre les deux élues musulmanes, Ilhan Omar et Rachida Tlaib, pour avoir soutenu la campagne prônant des mesures de boycott, de désinvestissement et sanction (BDS) contre Israël. L'élue musulmane a ensuite déclaré à la presse que c'était l'AIPAC "American Israel Public Affairs Committee", qui payait les hommes politiques américains. Sous la pression des démocrates, la Congresswomen a dû présenter lundi ses excuses à la communauté juive américaine. Ilhan Omar, récemment élue à la commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants, s'oppose depuis quelques semaines à une loi anti-BDS, parrainée par le sénateur Marc Rubio et qui vise à protéger Israël d'un boycott de la part des citoyens et organismes américains. Le projet de loi qui autoriserait les Etat à sanctionner les entreprises américaines participant au mouvement BDS, a provoqué une levée de boucliers aux Etats-Unis. Plusieurs démocrates et organismes de défense des droits civiques soutiennent que la proposition empiète sur la liberté d'expression aux EtatUnis. L'American Civil Liberties Union (ACLU), la plus grande organisation américaine de défense de libertés et de droits civiques s'est fermement opposée à ce projet de loi qui prive, selon elle, les citoyens et les entreprises américains de leur droit d'exprimer pacifiquement leurs opinions sans crainte de sanctions de la part du gouvernement. Vingt-deux sénateurs démocrates, y compris des candidats à la présidentielle de 2020 ont voté dernièrement pour bloquer l'avancement de ce projet de loi au Sénat.