Le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, s'est félicité jeudi des avancées enregistrées dans la mise en œuvre de l'Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d'Alger et signé à Bamako il y a quatre ans jour pour jour, réitérant l'hommage aux efforts inlassables de médiation internationale dans le cadre de ce processus. Dans un discours prononcé à l'occasion de la célébration du 4e anniversaire de l'Accord pour la paix et la réconciliation, le Président Keïta a souligné qu'"en quatre ans, beaucoup a été fait dans la mise en œuvre de l'Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d'Alger avec un accompagnement sans faille des partenaires (du Mali) notamment la médiation internationale qui ne ménage aucun effort pour préserver les équilibres du processus". "L'Accord est un instrument pour la paix, la stabilisation et le développement socio-économique de notre pays. Que l'on n'en doute point! Je m'incline devant la mémoire de tous ceux qui sont tombés dans la guerre du Mali, cette guerre pour la dignité, l'intégrité, la diversité mais l'unité du Mali", a poursuivi M. Keïta. Parmi les avancées enregistrées dans le cadre de l'Accord signé le 20 juin 2015 entre le gouvernement malien et les groupes politico-militaires du Nord, le président malien cite notamment le retour massif des ex-combattants au sein de l'Armé dans le cadre du DDR (désarmement, démobilisation et réintégration), le retour des milliers de déplacés et réfugiés dans leurs localités. "En ce qui concerne le DDR, il faut noter le démarrage du pré-enregistrement, en vue de leur formation, de plusieurs centaines d'ex-combattants des mouvements signataires du Mécanismes opérationnel de coordination (MOC). Il convient de signaler le retour dans nos Unités de près de 80 pour cent des ex-combattants des mouvements signataires de l'Accord, anciennement membres des FAMAs (forces armées maliennes)", a précisé IBK. "Pendant ce temps, des discussions encourageantes sont en cours entre les parties concernant les critères d'intégration des ex-combattants des mouvements signataires de l'Accord dans les corps constitués de l'Etat, y compris les forces armées et de sécurité. Toutes ces mesures visent la constitution d'une armée véritablement nationale, hautement qualifiée et uniquement dédiée à la défense des Maliennes et des Maliens, et le Mali c'est de Kidal à Sikasso, de Kayes à Taoudéni", a-t-il fait valoir. Sur le plan institutionnel et politique, le président Keïta a évoqué l'élaboration d'un projet de révision constitutionnelle par un comité d'experts et qui devrait être enrichi lors d'un dialogue politique inclusif. L'Accord, c'est également, aux yeux du président malien, "un pacte pour le développement socioéconomique du Mali, de tout le Mali, avec un accent particulier sur ses zones les plus sensibles. Le fonds de développement durable est créé. Ses lois et décret d'application sont adoptés. Son comité de gestion est également opérationnel", s'est-il encore félicité. S'agissant des personnes déplacées, le président malien a souligné que les réfugiés dans les pays voisins poursuivent leur retour au Mali à travers les trois accords tripartites entre le gouvernement, le HCR et les gouvernements du Niger, de la Mauritanie et du Burkina Faso. Appel à un "sursaut national" Le président malien a, par ailleurs, appelé ses concitoyens à soutenir l'accord de paix et de réconciliation: "Maliennes et Maliens, l'Accord n'a rien d'anti national. Soutenez-le. Réussissons-ensemble le pari de son application. Renouvelons notre gratitude à nos amis, à nos partenaires, à nos voisins, aux organisations sous régionales et régionales, à l'ensemble de la communauté internationale, pour l'accompagnement généreux accordé à notre pays qui, il faut le dire, a également été présent partout où il pouvait épauler l'Afrique, le monde, aider à la paix et la stabilité". "Les quatre axes de l'Accord, comme vous le savez, nous permettent à chaque étape, d'évaluer, de manière cohérente, les actions entreprises et de nous projeter dans l'avenir", a-t-il souligné dans son discours. Toutefois, le chef de l'Etat a déploré l'insécurité qui sévit dans le Centre du pays et appelé à un "sursaut national" pour stopper le massacre des populations civiles. "Tous les jours nous pleurons, tous les jours nous voyons nos enfants mourir, nos greniers prendre feu, notre bétail enlevé ou mitraillé", a-t-il déploré, faisant notamment allusion aux dernières violences intercommunautaires sanglantes ayant secoué le centre du pays. "C'est dans ce contexte triste et hautement préoccupant que nous célébrons le quatrième anniversaire de l'Accord pour la paix et la réconciliation. Cet anniversaire est une interpellation. Si nous ne nous ressaisissons pas, le deuil sera le quotidien durable et déplorable du Mali, du Nord du Mali, du Centre du Mali, mais également celui de plusieurs régions de pays voisins du Mali ! La côte d'alerte est atteinte", s'est-il alarmé. "J'en appelle solennellement, une fois de plus, au sursaut national. Pendant que nous consoliderons la mise en œuvre de l'Accord, il nous faudra être constamment au chevet du Centre. La paix et la stabilité au Centre, la concorde et l'harmonie retournant entre ses habitants, la relance de la production et de la consommation compromises doivent être au cœur de nos préoccupations. Les défis sont aujourd'hui plus grands qu'hier", a conclu le président Keita.