Le ministre du Commerce, Saïd Djellab et le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Mohamed Miraoui ont procédé, jeudi à Alger, à l'installation de la commission multisectorielle chargée du lancement de la campagne nationale de sensibilisation à la lutte contre le gaspillage du pain. Chargée d'élaborer et de présenter une feuille de route, fin novembre courant, sur la stratégie de sensibilisation à la lutte contre le phénomène de gaspillage du pain, la Commission est composée de représentants des secteurs du Commerce, de la Santé, des Affaires religieuses, l'Intérieur, l'Education nationale et l'Enseignement supérieur, outre des représentants de la société civile, des experts en nutrition, des médecins spécialistes et des représentants de startups spécialisées dans les réseaux sociaux. Intervenant lors d'une réunion préparatoire en prévision du lancement d'une campagne de lutte contre le gaspillage du pain tenue au Palis d'expositions (Alger), M. Djellab a insisté sur la nécessité de conjuguer les efforts de tout un chacun pour la lutte contre ce phénomène contraire aux valeurs de la société et aux préceptes de l'Islam, ajoutant que la campagne mise sur la contribution des startups spécialisées dans le domaine des TIC. Le ministre a qualifié de "choquants" les chiffres relatifs au gaspillage du pain, lesquels s'élèvent à 340 millions dollars par an. Il a fait savoir, dans le même cadre, que la consommation journalière du pain atteint 50 millions de baguettes, dont 10 millions gaspillées quotidiennement, ajoutant ce chiffre passe à 13 millions de baguettes durant le mois sacré du Ramadhan. Faisant état d'un million de tonnes par an de blé tendre utilisée pour la production du pain gaspillé, le ministre a rappelé dans ce sens que la subvention de l'Etat pour cette matière de large consommation est de 15.5 milliards DA (120 millions dollars). M.Djellab a rappelé, à cet effet, que l'Algérie importait annuellement plus de 7 millions de tonnes de blé tendre d'une valeur de 1.6 mds dollars et produit moins de 10% de ses besoin en cette matière, soulignant que 60% de cette quantité est destinée aux boulangeries comme un produit subventionné par l'Etat. Matière essentielle, le pain "doit récupérer l'image qu'il avait chez les familles algériennes", a-t-il mis en avant, estimant "inconcevable que cette matière se vende sur les trottoirs ou se retrouve jetée dans les poubelles". Revenant à la feuille de route dont la préparation a été confiée à la Commission, le ministre a indiqué qu'elle porte sur l'élaboration d'un plan de communication à court, à moyen et à long termes afin de mobiliser et d'arrêter les voies et moyens susceptibles de lutter contre le phénomène de gaspillage du pain, outre le lancement d'initiatives sur le changement du mode de consommation. La Commission se déplacera au niveau des établissements, des cantines scolaires, restaurants universitaires et des hôpitaux, en vue de sensibiliser quant à l'importance de préserver le pain et asseoir une formation de qualité au profit des boulangers, a-t-il fait savoir. Pour sa part, le ministre de la Santé, Mohamed Miraoui a insisté sur la nécessaire révision du mode alimentaire du citoyen, faisant observer que le blé tendre est le plus consommé en Algérie, étant le principal ingrédient dans la production du pain. Mettant en garde contre la consommation excessive du pain, M. Miraoui a affirmé que les études scientifiques ont prouvé que le blé tendre (le pain blanc) produit des composants addictifs qui stimulent fortement l'appétit, ce qui cause, par la suite, plusieurs maladies chroniques, essentiellement l'obésité, le diabète et l'hypertension artérielle. Indiquant que ce genre de pain manque de valeur nutritive, le ministre a appelé à se mettre à la consommation du pain complet sain. De son côté, le président de l'Organisation algérienne de protection et d'orientation du consommateur et son environnement (APOCE), Mustapha Zebdi a appelé à doter la Commission multisectorielle d'équipes de terrain qui se chargeront de signaler les établissements qui gaspillent le pain en vue de les sanctionner, avant de préconiser de trouver une alternative à la farine, améliorer la qualité du pain et réviser la marge des boulangers. Dans le même contexte, le représentant des boulangers a souligné l'importance de la farine pour la production d'un pain complet et sain, rappelant à cet égard, qu'il en avait fait la proposition à maintes reprises, réaffirmant que le pain complet contribue à éradiquer 70 % du gaspillage. A rappeler que la décision de création de cette Commission figurait parmi les instructions adressées par le Premier ministre, Noureddine Bedoui, lors de la réunion interministérielle, tenue le 4 novembre courant consacrée à l'examen du Programme de développement de la filière céréalière, notamment dans le Sud et les Hauts plateaux. M.Bedoui avait insisté sur l'impératif d'oeuvrer à "la rationalisation de la consommation locale en blé tendre, à travers notamment la lutte contre le gaspillage dans la consommation du pain et à diversifier le mode alimentaire pour protéger la santé du citoyen".