"Femmes au cinéma, femmes de cinéma" a été, dimanche à la salle Frantz Fanon à l'Office Riadh El Feth (Alger), le thème d'une table ronde organisée dans le cadre du 10e Festival international du cinéma d'Alger (FICA), en présence de la cinéaste algérienne Amina Bedjaoui Haddad et de cinéastes femmes d'Italie, de France et de Burkina Faso. Cette rencontre dont la modératrice a été la critique franco-algérienne Nadia Meflah a permis d'évoquer les disparités entre cinéastes hommes et femmes en termes de thèmes traités, d'opportunités de travail et de financement aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement. Les participantes ont, ainsi, mis en exergue les difficultés auxquelles elles sont confrontées dans les différents métiers du cinéma, notamment la réalisation et la production. Soulignant que "les réalisatrices sont souvent critiquées pour les thèmes qu'elles choisissent", les intervenantes ont été unanimes à dire que "nombreux sont les cinéastes et critiques qui estiment que les cinéastes femmes devraient se contenter des thèmes relatifs à la femme et laisser les autres sujets aux hommes". Dans ce cadre, la cinéaste burkinabé Apolline Traoré a raconté que le fait de traiter dans l'un de ses films le problème de l'impuissance sexuelle a suscité "une vague d'indignation et de colère" non seulement chez les cinéastes et les critiques mais aussi chez le public. Entre autres problèmes rencontrés, elle a cité la difficulté d'obtenir un financement en comparaison avec ses collègues hommes. Pour sa part, la cinéaste française, née à Constantine, Jacqueline Gozland a estimé que "la femme qui, temps de conflit et de guerre, participe à la résistance aux côtés de l'homme, voit son rôle régressé, une fois la paix et la sécurité restaurées, en ce sens que la société tente de la confiner dans les tâches ménagères et l'éducation des enfants". L'écrivaine et journaliste italienne Luciana Castellina a mis en exergue l'impératif pour les femmes cinéastes de diversifier les thèmes abordés sans pour autant laisser de côté les questions propres à la femme, qui sont traitées avec beaucoup d'esthétisme et de courage, soulignant les efforts consentis dans le domaine du cinéma pour imposer la vision de la femme. Elle a fait savoir que la problématique soulevée n'était pas spécifique aux pays en développement mais aussi aux pays où l'industrie cinématographique est prospère, citant le nombre de cinéastes distinguées dans les plus grands festivals, à l'image de "Cannes" ou des "Oscars". De son côté, la réalisatrice Amina Haddad a souligné la volonté ses cinéastes algériennes de s'imposer par leur travail et leur engagement, citant pour exemple les jeunes réalisatrices à l'instar de Drifa Mezenner et Yasmine Chouikh. Affirmant que les efforts des cinéastes algériennes ne se limitent pas à la production, elle a tenu à saluer les démarches visant à trouver des espaces à même de contribuer au développement du cinéma et à transmettre, par l'image, les préoccupations du citoyen. Pour les participantes, le plus important reste la présentation des œuvres aux téléspectateurs et à faire parvenir le message. Le 10e FICA se poursuivra jusqu'au 16 novembre à salle Ibn Zaydoun.