Le nouveau chef du gouvernement tunisien désigné, Elyes Fakhfakh qui devra lancer ses concertations jeudi, a assuré que le prochain gouvernement sera composé "d'une équipe restreinte, harmonieuse et sérieuse", tandis que des partis politiques représentés au Parlement l'appelaient à s'ouvrir à toutes les forces vives sans exclusion. M.Fakhfakh avait annoncé mardi à l'issue de sa rencontre avec le président Kais Saied, qu'il allait œuvrer pour "une équipe restreinte, harmonieuse et sérieuse, où prévaut la compétence et la volonté politique". Représenté à l'Assemblée des représentants du peuple (ARP, parlement), par 38 députés, Qalb Tounes, a affirmé qu'il n'avait "aucune réserve initiale ou personnelle" contre le choix de Fakhfakh pour former le gouvernement. Le parti a appelé Fakhfakh à "consulter toutes les forces vives et les partis sur la forme du gouvernement, et à mettre en place le programme approprié pour assurer un appui politique et parlementaire pour surmonter les défis et atteindre les objectifs souhaités", afin que la Tunisie sorte de sa profonde crise économique et sociale. Pour sa part, le porte-parole d'Ennahdha (54 sièges), Imed Khemiri, a précisé que le parti "ne rejetait pas" la désignation de M. Fakhfakh qui "n'a pas été le candidat du Mouvement". Dans le même contexte, le secrétaire général du mouvement Echaab, Zouheir Maghzaoui, a rappelé que son parti a été le premier qui s'était prononcé en faveur d'un "gouvernement du président". Le dirigeant du Courant démocrate, Ghazi Chaouachi, s'est félicité quant à lui, du choix de Fakhfakh, un des candidats "proposé" par son parti, a-t-il rappelé, soulignant que la mission de ce dernier "sera certes difficile mais pas impossible". Il a appelé les différents acteurs à faire preuve d'humilité et à contribuer positivement à la formation du gouvernement dans les plus proches délais. Se disant "favorable à un gouvernement réduit", Selim Azzabi, secrétaire général de "Tahya Tounes", a estimé pour sa part que le chef du gouvernement désigné pourrait assurer les conditions de réussite "s'il démissionne de son parti". Le député du bloc de "la Réforme Nationale", Hatem Mensi, a qualifié la désignation de Fakhfakh comme "un signe positif", surtout après avoir annoncé son intention de former un gouvernement de "compétence restreint". Le soutien au prochain gouvernement dépendra des consultations Le chef du gouvernement désigné entamera jeudi ses consultations au sujet du prochain gouvernement proposé. Pour les dirigeants des partis politiques, "accorder ou refuser" la confiance au gouvernement Fakhfakh "dépendra de la composition du gouvernement", et également, du "plan d'action et de la stratégie du prochain gouvernement ainsi que des parties qui y seront représentées". Interrogé sur le soutien d'Ennahdha à ce sujet, M. Khemiri a estimé qu'il était "un peu tôt" d'évoquer cette question qui "dépend des consultations menées par Fakhfakh, de son programme économique et social et de la composition de son gouvernement". Il a affirmé que le mouvement se concertera avec les partis politiques et consultera ses structures avant de présenter sa position définitive à propos de son soutien au gouvernement Fakhfakh. Qalb Tounes a, toutefois, déploré le fait que le chef de l'Etat "n'a pas consulté directement" les partis vainqueurs aux élections représentées à l'ARP, et "ne s'est pas appuyé sur les noms proposés pour former le gouvernement", ajoutant que M. Saied a choisi une personnalité "qui ne peut bénéficier d'un large consensus" au sein de l'ARP. Dans le même sillage, le mouvement Echaab, a cependant évoqué certaines réserves "objectives", dont les faibles scores obtenus par le chef du gouvernement désigné et son parti (Ettakatol) lors des dernières élections législatives et présidentielle. Le président du Courant démocrate, a affirmé quant à lui, que sa formation politique "participera aux concertations sur la formation du gouvernement et la mise en place d'un programme clair, réaliste et ambitieux, à même de résoudre la crise économique et sociale que connait le pays". Du même avis, le député du bloc de "la Réforme Nationale", Hatem Mensi, a fait savoir que la position de principe du bloc concernant la participation aux concertations ou encore sur la question d'accorder la confiance ou non au futur gouvernement, "est déterminée par des considérations objectives" liées à la composition du gouvernement, à son plan d'action, ainsi que sa capacité à mener les grandes réformes nécessaires aux niveaux politique, économique et social. Cependant, la présidente du Parti destourien libre (PDL, 17 sièges), Abir Moussi a déclaré que son parti "ne votera pas" en faveur du gouvernement Fakhfakh, qualifiant la désignation de ce dernier comme étant une "manœuvre politique du mouvement Ennahdha. La président Saied a désigné l'ex-ministre des Finances Elyes Fakhfakh pour former le prochain gouvernement dans un délais d'un mois non renouvelable selon l'article 89 de la constitution, et devra proposer sa composition devant l'ARP, pour obtenir la confiance. L'article en question, donne la latitude au président de la République de choisir la personnalité qu'il estime la plus apte à former un gouvernement. Il s'agit de la deuxième tentative pour former un gouvernement après celui de Jemli qui avait été proposé par Ennahdha, mais rejeté par les députés le 10 janvier. En cas de second échec, le pays s'acheminerait vers de nouvelles législatives, repoussant encore les réformes attendues pour relancer l'économie.