Le président tunisien, Kaïs Saied, a confié à Elyes Fakhfakh, ancien ministre des Finances, la mission de constituer un nouveau gouvernement dans "les plus brefs délais", après le rejet par le Parlement, début janvier, de celui présenté par Habib Jemli. Elyes Fakhfakh, 47 ans, a été désigné lundi soir chef du futur gouvernement par le président Saied, pour constituer dans "un délai d'un mois non renouvelable" une équipe susceptible de convaincre un Parlement morcelé. Le président Saied "a chargé M. Fakhfakh de former un gouvernement dans les plus brefs délais", a indiqué la présidence de la République dans un communiqué, publié par l'agence de presse TAP. Trois mois et demi après les élections, il s'agit de la deuxième tentative pour former un gouvernement. Un premier, formé sous la houlette du parti Ennahdha, a été nettement rejeté par les députés le 10 janvier. Le gouvernement sortant, dirigé par le Premier ministre Youssef Chahed, en place depuis 2016, gère actuellement les affaires courantes. En cas de second échec, le pays s'acheminerait vers de nouvelles législatives, repoussant encore les réformes attendues pour relancer l'économie tunisienne. Les élections générales d'octobre dernier ont débouché sur un Parlement très fractionné. La première force parlementaire Ennahda ne contrôle que 54 des 217 sièges de l'Assemblée. La désignation d'Elyes Fakhfakh intervient au terme d'une série de consultations écrites menées par le président Saied avec les partis, les blocs parlementaires, les coalitions à l'ARP (l'Assemblée des représentants du peuple) et d'entrevues avec des responsables des plus importantes organisations nationales, ainsi que de certaines personnalités désignées au poste de chef de gouvernement, selon la TAP. Elyes Fakhfakh a été nommé ministre du Tourisme fin 2011, avant de devenir en décembre 2012 ministre des Finances jusqu'en janvier 2014. Ingénieur et manageur formé en France, il est rentré en Tunisie en 2006, après plusieurs années d'expatriation, et y a dirigé le groupe automobile tunisien Cortel, devenu Caveo. Il s'est engagé en politique après la "révolution" de 2011, auprès du parti social-démocrate Ettakatol, qui s'était allié à Ennahda au sein du cabinet de "la troïka", jusqu'en 2014. M. Fakhfakh a été candidat à la présidentielle en 2019 au nom de ce parti, mais n'avait convaincu que 0,34% des électeurs au premier tour.