Alors que la date butoir de décembre 2020 pour "Faire taire les armes en Afrique" approche, le continent est toujours pris au piège des conflits, malgré les succès réalisés au Soudan et en Afrique centrale. Le sommet de l'Union africaine (UA) tenue cette année sous le thème "Faire taire les armes en Afrique" s'est ouvert dimanche à Addis Abeba sur un constat "peu réjouissant". La Corne d'Afrique, le Sahel et le bassin du lac Tchad vivent aujourd'hui au rythme des conflits armés. "Au vu de sa vulnérabilité, notre continent subit souvent les contrecoups des chocs déstabilisateurs affectant le monde", a déclaré le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune dans son discours devant la tribune de l'UA. Qualifiant la crise au Sahel de "triste et regrettable illustration", M. Tebboune a relevé que "la stabilité déjà fragile dans des pays tel que le Mali s'est subitement dégradée au lendemain de la crise en Libye, sans parler du Niger qui n'a pas échappé aux attaques meurtrières contre son armée. "Avec la recrudescence des attaques terroristes sanglantes au Burkina Faso et autres tentatives d'attentats dans des pays sahéliens, l'instabilité a fini par gagner tout le Sahel en dépit des efforts courageux des pays concernés", a-t-il ajouté. En amont du sommet, le Conseil de la paix et la sécurité de l'UA a planté un "décor sombre" de la situation au Sahel qui a connu au cours de ces derniers mois des niveaux de violences sans précédent. Selon les agences des Nations Unies, au Burkina Faso, au Mali et au Niger, le nombre de victimes d'attentats terroristes a été multiplié par cinq depuis 2016 avec plus de 4.000 décès signalés en 2019 comparés au 770 décès en 2016. Le nombre de déplacés a été multiplié par dix pour atteindre environ un demi-million en plus des 25.000 réfugiés dans les pays voisins. Sahel : Imposition de la paix plutôt que son maintien Moussa Faki, président de la Commission de l'UA, s'est montré à l'ouverture du sommet peu optimiste sur l'avenir de la paix notamment en Afrique. "L'année qui vient de s'achever n'a pas été une année de pleine paix (...) celle qui s'ouvre n'annonce pas non plus que nous sommes au bout de nos peines", a regretté le chef de la CUA. Mais en dépit des difficultés, l'année 2019 a été aussi celle des grandes réalisations, a-t-il toutefois nuancé. En Somalie, l'Amisom continue de se déployer dans un contexte particulièrement difficile pour combattre le terrorisme et soutenir les efforts de stabilisation entrepris par le gouvernement, a-t-il tenu à rappeler, citant les succès retentissant de la médiation en République Centrafricaine et au Soudan. Ce constat a été partagé par le SG de l'ONU, qui a loué à son tour "le grand succès" des missions de médiation et de bons offices à travers le continent, notamment en soutien au processus électoraux. Antonio Guterres a précisé que le maintien de la paix dans sa forme traditionnelle, même renforcé, ne suffit souvent pas en particulier dans les zones où il n'y pas de paix à maintenir comme dans la région du Sahel. "Nous avons de plus en plus besoin d'opérations d'imposition de la paix et de lutte contre le terrorisme, mise en œuvre par l'UA et appuyées par l'ONU". "Le manque de soutien de la communauté internationale est aujourd'hui évident au Sahel et dans la région du lac Tchad", a-t-il enchainé. Il est prévu que le Haut-Représentant de l'Union africaine chargé de l'initiative "Faire taire les armes en Afrique", Ramtane Lamamra, fasse une présentation sur le bilan de cet ambitieux pari.