L'un des principaux dossiers à l'ordre du jour de ce sommet est la réforme du fonctionnement de l'organisation panafricaine dont le chantier avait été confié au président rwandais Paul Kagame en 2016. Il est attendu notamment des leaders africains qu'ils s'entendent sur les voies et moyens devant permettre à l'UA, encore largement subventionnée par les Occidentaux, d'assurer son autonomie financière et donc d'accroître son indépendance. Les idées jusque-là mises sur la table ne font pas toutes consensus. Certains pays craignent, en effet, que les modalités proposées concernant le financement de l'UA soient contraires aux règles internationales édictées par l'Organisation mondiale du commerce (OMC). La taxe dite «Kaberuka», du nom de l'ancien président de la Banque africaine de développement (BAD) à l'origine de cette proposition prévoit, par exemple, d'instaurer un prélèvement de 0,2% sur les importations. Aujourd'hui, le budget de l'UA dépend à plus de 80% de donateurs extérieurs. Pour l'exercice 2018, il est évalué à 769 millions de dollars. La sécurité et la lutte contre le terrorisme en Afrique sont l'autre grand dossier à l'ordre du jour de ce 29e sommet. Avec Moussa Faki Mahamat, les défis sécuritaires reviennent au cœur de l'action de la commission de l'Union africaine. L'UA, à travers son Conseil de paix et de sécurité, s'est donné comme objectif principal de «faire taire les armes» dans le continent d'ici 2020 grâce à une feuille de route qu'elle compte mettre en œuvre dès cette année dans le cas où sa commission obtiendrait le feu vert des leaders africains. Le Conseil de paix et de sécurité a convenu de recommander lors de ce 29e sommet de l'UA de nommer un groupe de personnalités éminentes avec pour principale mission de suivre et de faire un rapport sur la mise en œuvre du projet. De leur côté, 5 pays du Sahel (Mali, Mauritanie, Tchad, Niger et Burkina Faso), gravement touchés par le terrorisme, essayeront d'avoir plus qu'un soutien politique concernant leur projet de création de leur force conjointe, le G5 Sahel. Des sources indiquent qu'ils espèrent un geste financier des membres l'institution panafricaine. Les présidents du G5 Sahel doivent d'ailleurs se retrouver aujourd'hui à Bamako en compagnie du président français Emmanuel Macron pour étudier les modalités de la mise en place du G5 Sahel et s'entendre sans doute aussi sur la conduite à tenir lors du sommet de l'UA. Le Mali, la Mauritanie, le Tchad, le Niger et le Burkina Faso ont, rappelle-t-on, annoncé au début de l'année le déploiement de 10 000 hommes pour lutter contre le terrorisme et la criminalité transfrontaliers, mais sans que soit résolue la question du financement. Pour l'heure, seule l'Union européenne s'est engagée à débloquer 50 millions d'euros. Mais c'est encore trop peu pour assurer le financement d'une armée de 10 000 hommes. Des spécialistes estiment qu'environ 400 millions d'euros sont nécessaires au bon fonctionnement du G5 Sahel. Les crises au Soudan du Sud et en Somalie doivent également être à l'ordre du jour.