Médecins et spécialistes en Médecine physique et de réadaptation (MPR) ont mis en garde contre les conséquences du poids du cartable sur la santé de l'élève, notamment au vu du nombre d'élèves souffrant de scoliose. A ce propos, la spécialiste en médecine physique et de réadaptation à l'hôpital de Ben Aknoun (Alger), Pr Ouahiba Chennaf, spécialisée dans le traitement de la scoliose, a fait savoir que l'hôpital accueille, quotidiennement, "bon nombre" d'enfants souffrant de déviation de la colonne vertébrale, précisant que cette déviation est due à une rotation des vertèbres. "Il faut faire la différence entre la déviation de la colonne vertébrale (scoliose) et les mauvaises postures", explique la spécialiste qui indique que "la scoliose est diagnostiquée à travers un examen clinique et radiologique, qui confirme et précise le degré de la déviation". De son côté, le médecin généraliste Mourad Farid a indiqué que l'Unité de dépistage et de suivi (UDS) de médecine scolaire au CEM Rym El Bachir (Ruisseau) a diagnostiqué, au premier trimestre de l'année scolaire, 15 cas de scoliose et plusieurs cas de mauvaise postures durant la marche, précisant que ces mauvaises habitudes peuvent être corrigées par la pratique du sport. Dr Mourad a tenu à préciser que le port d'un cartable lourd pour un enfant scoliotique est un facteur qui aggrave la déviation de la colonne vertébrale, appelant les parents à vérifier le poids du cartable de leurs enfants de manière à ce qu'il ne soit pas supérieur à 20% du poids de l'élève. Citant les facteurs de cette maladies, notamment génétiques et hormonaux, les deux spécialistes expliquent que la scoliose s'accentue à l'âge de la puberté, soit entre 11 et 12 ans chez les filles et entre 12 et 14 ans chez les garçons, ajoutant qu'elle peut être liée, parfois, à la longueur des membres (jambes et bras), ce qui exige un bilan cardiologique et ophtalmologique. Pour la réadaptation de la colonne vertébrale, les médecins préconisent la pratique du sport, particulièrement la natation et le basket-ball ou le recours à la rééducation. Quand le patient est en pleine croissance, le port d'un corset orthopédique s'impose à l'âge de la puberté. Des élèves scoliotiques contraints de porter des cartables dont le poids est supérieur à leurs propres poids Rencontrée à l'hôpital de Ben Aknoun, Sara (14 ans) venue pour les essais de corset orthopédique. Devant son médecin-traitant, Sara s'est dite soulagée de porter cet appareillage qui lui a permis de se mettre en positions anatomiques correctes, que ce soit en stations debout ou assise. S'agissant de la découverte de sa maladie, sa mère a indiqué que sa scoliose a été détectée par un médecin de l'Unité de dépistage et de suivi (UDS) en début de l'année scolaire. Initialement, le médecin a prescrit un examen radiologique et d'autres cardiologique et ophtalmologique, pensant au début, de par la grande taille de la jeune fille, au syndrome de Marfon, avant de conclure à une scoliose. Sara se sert, dorénavant, de casiers mis à la disposition des élèves par l'école. Youssra, scolarisée au CEM d'El Biar, et dont la scoliose a été découverte depuis quelques années déjà soutient que la pratique de la lutte l'a aidé à se sentir mieux. Pour sa part, Djamila a indiqué que ses trois neveux sont atteints de scoliose, notamment Hadjer qui est en 4e année moyenne scolaire, relevant que le cartable est devenu un fardeau pour cette adolescente. Déplorant l'absence de casiers d'élèves à son école, alors que d'autres établissements en disposent, la dame a lancé un appel au ministère de l'Education nationale pour un allègement du poids des cartables à travers un allègement des programmes pédagogiques et partant du nombre des livres. Une étude sur les caractéristiques du cartable à dos adéquat Se référant à une étude sur le poids du cartable et son incidence sur la santé, la tutelle a défini, depuis deux ans déjà les caractéristiques du cartable à dos adéquat (40 cm de hauteur, 28 cm de largeur et 12 cm de profondeur) pour les élèves du cycle primaire en tenant compte de la morphologie de l'enfant. Pour le pallier moyen, les experts ont préconisé un cartable de 45 cm de hauteur, 30 cm de largeur et 12 cm de profondeur. Le cartable doit, selon la même étude, avoir plusieurs poches et des couleurs réfléchissantes de manière à permettre aux conducteurs de les distinguer dans l'obscurité. Quant aux caractéristiques qualitatives, l'étude préconise un revers pourvu d'un capiton et rigide évitant toute pression sur le dos de l'enfant. Les bretelles et la ceinture devraient être étanches et ajustables. Il est également préférable que le cartable soit fabriqué de tissu ou de cuir, ne dépassant pas vide 1.5 kg. Dans ce contexte, le ministère de l'Education nationale a arrêté la nomenclature des affaires scolaires, invitant les établissements d'enseignement à les respecter, tout en priant les parents d'élèves à respecter l'emploi du temps. Pendant les trimestres, des cahiers de 96 pages ont été ainsi imposés au primaire, et de 120 pages au collège. S'agissant des contenus, les pédagogues conseillent le recours autant que possible aux supports collectifs ou numériques. A ce propos, Ahmed Tessa, pédagogue et auteur, a estimé que l'introduction des TIC "n'était pas une priorité" pour le moment, plaidant pour l'impératif de restructurer, d'abord, le système éducatif. L'utilisation des tablettes à l'école doit passer, selon le même expert, par "tout un projet pédagogique". M. Tessa a insisté, en revanche, sur l'impératif d'alléger le cartable en revisitant le nombre "exagéré" de disciplines, et en ne se focalisant que sur les matières essentielles. Il serait tout de même judicieux de procéder à la révision des programmes, des curricula et du système d'évaluation des élèves. Pour sa part, Fatiha Bacha, membre du Bureau national de l'Association nationale des parents d'élèves, s'est félicité de l'utilisation des TIC dans le système éducatif, considérant que l'application et la généralisation des nouvelles techniques dans le secteur de l'Education requiert "une mise en place sur le terrain encadrée par des pédagogues". Pour ce faire, Mme. Bacha a suggéré de commencer par l'introduction des TIC, dans une école pilote où exercent des enseignants chevronnés, avant de répandre l'opération partout dans le pays. Proposer l'éducation technologique dans le cycle primaire s'avère, selon la même responsable, bénéfique, car permettant d'entrainer l'enfant à la maitrise de l'ordinateur dès son jeune âge.