Le plan israélien d'annexer plusieurs parties de la Cisjordanie occupée a été rejeté en bloc et est vivement condamné par les Palestiniens mais aussi par l'ONU et la communauté internationale, le considérant comme un obstacle à la paix et à la résolution du conflit israélo-palestinien sur la base de la solution à deux Etats. Une soixantaine d'experts des Nations unies ont indiqué que "les Etats ont le devoir de ne pas reconnaître, aider ou assister un autre Etat dans quelque activité illégale que ce soit, comme l'annexion ou la création d'implantations civiles dans un territoire occupé", prévenant que "les leçons du passé sont claires: si elle n'est pas suivie d'effet, la critique n'empêchera pas l'annexion ni ne mettra fin à l'occupation". Les signataires sont des experts de l'ONU nommés par son Conseil des droits de l'Homme dont la 43e session est actuellement réunie à Genève, dont parmi eux figurent Michael Lynk et Tomas Ojea Quintana, respectivement rapporteurs spéciaux sur la situation des droits humains en Palestine. De leur côté, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne (UE) ont eux aussi exprimé leurs inquiétudes quant au projet d'annexion israélien, lors d'une visioconférence lundi avec le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo. Ainsi, Josep Borrell, haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, a affirmé que ce plan pourrait affecter la perspective d'une solution à deux Etats "ainsi que la stabilité régionale", soulignant que M. Pompeo avait pris note des avis des pays membres de l'UE, y compris celui de l'Allemagne qui est "très concret et insiste sur la nécessité d'éviter l'annexion". "Ce qu'Israël propose de faire est une violation du droit international, et nous nous y opposons fermement. Nous soutenons également fermement la solution à deux Etats, et nous continuerons à le faire", avait déclaré pour sa part mardi le Premier ministre britannique, Boris Johnson, dont le pays est membre permanent du conseil de sécurité de l'ONU. Quant à la Russie, elle a averti à maintes reprises l'occupant israélien contre l'application de "plans unilatéraux contraires au cadre légal international d'une solution au Moyen-Orient comprenant les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, de l'Assemblée générale de l'ONU ainsi que de l'Initiative de paix arabe". Moscou estime en outre que l'annexion rendra impossible la continuité territoriale de la Cisjordanie, une condition indispensable pour l'existence de l'Etat de Palestine sur la base des frontières de 1967,soulignant que "les actes expansionnistes d'Israël peuvent non seulement causer une dangereuse spirale de violences sur les terres palestiniennes, mais aussi une déstabilisation de la situation au Moyen-Orient". La Chine, de son côté, avait auparavant exhorté Israël - lors d'une réunion virtuelle du Conseil de sécurité - à "s'abstenir de prendre de telles mesures unilatérales" et de "cesser toutes les activités de colonisation et mettre un terme à la démolition de maisons palestiniennes et à la destruction de biens palestiniens". Des mesures devraient également être prises pour prévenir la violence contre le peuple palestinien. --- Requête palestinienne contre le plan expansionniste israélien--- La Palestine a déposé une requête officielle pour demander la tenue d'une session des Nations unies afin de discuter du projet israélien d'annexion des terres palestiniennes en Cisjordanie et de prendre des mesures appropriées à cet égard. "Cette requête intervient dans le cadre des projets des dirigeants palestiniens pour empêcher Israël de mettre en œuvre son annexion", a indiqué le ministre palestinien des Affaires étrangères, Riyad al-Maliki, ajoutant que le chef du gouvernement de l'occupation israélienne, Benyamin Netanyahou, veut "induire en erreur l'opinion publique mondiale" à propos de son plan d'annexion "afin de faciliter le plan marketing de son projet d'annexion de parties de la Cisjordanie". Pour sa part, le Premier ministre palestinien, Mohammad Chtayyeh, a appelé la communauté internationale à reconnaître l'établissement d'un Etat palestinien sur les territoires occupés par Israël en 1967, et invité les pays à adopter des sanctions contre Israël en réaction au plan israélien d'annexer plusieurs parties de Cisjordanie occupée. Il a affirmé que la partie palestinienne rejetait totalement ce plan visant à annexer d'importantes colonies israéliennes en Cisjordanie occupée et d'y imposer la sois disant "souveraineté" israélienne. "Les territoires de l'Etat palestinien forment une seule unité. Ils comprennent les territoires occupés par Israël en 1967, dont El Qods-Est occupée", a-t-il déclaré, ajoutant qu'une solution pacifique "doit comprendre une solution juste à la question des réfugiés". De son côté, un haut responsable du mouvement palestinien Hamas, Salah Al-Bardawil, a déclaré que le plan d'annexion israélien était un prolongement du prétendu "Accord du siècle" des Etats-Unis. "Tous ces projets et plans ont pour but de liquider la juste cause palestinienne", a-t-il affirmé, ajoutant que le Hamas prévoyait d'organiser une série d'actions contre le plan d'annexion israélien. Pour le Secrétaire général de la Ligue des Etats arabes, Ahmed Aboul Gheit, "les plans d'annexion israéliens ne bénéficient d'aucun soutien international". Le secrétaire général a confirmé la poursuite de "ses contacts au niveau international afin de construire un soutien international contre les décisions israéliennes". L'occupant israélien compte, selon les médias, présenter à partir du 1er juillet sa soi-disant "stratégie" pour traduire dans les faits le plan de paix américain pour le Moyen-Orient, dévoilé par le président Donald Trump, et qui prévoit l'annexion par Israël de la vallée du Jourdain (30% de la Cisjordanie) et des plus de 130 colonies, ainsi que la création d'un Etat palestinien sur un territoire amputé. En janvier dernier, l'administration américaine a présenté un supposé plan censé régler le conflit entre Palestiniens et Israéliens, qui proposait notamment l'annexion des colonies israéliennes et des zones de Cisjordanie, rejeté en bloc par les Palestiniens et l'ensemble de la communauté internationale.