La Commission de sauvegarde, présidée par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, chargée d'évaluer les incidences causées par la pandémie du nouveau Coronavirus (COVID-19) sur l'économie nationale a été installée samedi. Outre des représentants du Gouvernement, cette Commission est composée de représentants d'organisations patronales, d'associations professionnelles, de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), du Syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (SNAPAP), de think tanks et du Conseil national économique et social (CNES). L'association des représentants des partenaires sociaux et des opérateurs économiques dans cette Commission consacre l'engagement du Gouvernement à adopter une nouvelle approche reposant sur la concertation pour rétablir progressivement la confiance, a affirmé le Premier ministre lors de la cérémonie d'installation de cette Commission. Cette commission élaborera un rapport qui sera examiné comme premier point à l'ordre du jour de la prochaine réunion du Conseil des ministres du 26 juillet 2020. La Commission se penchera sur l'élaboration d'un rapport détaillé et exhaustif des répercussions de la pandémie Covid-19 sur l'économie nationale, qui sera présenté d'abord au Conseil du Gouvernement le 22 juillet et ensuite lors de la prochaine réunion du conseil des ministres prévue le 26 juillet en cours. A cet effet, un groupe de travail chargé d'élaborer le rapport a été formé et composé du président du Conseil national économique et social (CNES), Reda Tir, en qualité de président, et du ministre délégué auprès du premier ministre chargé de la prospective, Mohamed Cherif Benmihoub en qualité de rapporteur. Le groupe du travail qui s'est réuni pour la première fois cet après-midi, compte des représentants des ministères des Finances, de l'Industrie, de l'Agriculture et du Développement rural, de l'Habitat et de l'Urbanisme et de la Ville, du Commerce, des Travaux publics, des Transports, du Tourisme, de l'Artisanat et du travail familial et du Travail, de l'Emploi et de la sécurité sociale. Six (6) représentants des syndicats des travailleurs et six (6) représentants des syndicats du patronat sont également membres de ce groupe de travail. Le Premier ministre a invité, dans ce cadre, le groupe de travail à élaborer un rapport "pratique et proposant des solutions concrètes loin de toute théorie et idéologie". Lire aussi: Nécessaire évaluation des impacts de la pandémie Covid-19 en "toute objectivité et loin des surenchères" Le rapport doit être "intégré" et prenant en ligne de compte l'ensemble des aspects liés à la problématique, tout en veillant à soumettre des propositions "réalistes et pragmatiques". Lors de son allocution d'ouverture des travaux de la réunion, le Premier ministre a mis l'accent sur la nécessité de procéder à une évaluation des incidences socio-économiques induites par la pandémie de le Covid-19, en "toute objectivité et loin des surenchères", le but étant de préparer l'après-crise sanitaire et de préserver aussi bien chez les entreprises que chez les travailleurs, un engagement solide dans la nouvelle bataille pour le redressement économique national. Il a rappelé, à cet égard, la déclaration du Président de la République, Abdelmadjid Tebboune dans laquelle il a souligné qu' "il n'y a plus désormais aucune différence entre l'entreprise publique et l'entreprise privée, mais il y'a bel et bien des entreprises productives et compétitives qui œuvrent au développement du pays et à la création de la richesse et d'emplois, et d'autres entreprises qui n'ont qu'un seul souci, amasser les richesses au dépens de l'investissement et de l'intérêt général". Devant la multitude des défis à relever, le Premier ministre a estimé que "le dialogue avec les partenaires sociaux et les opérateurs économiques demeure une condition sine qua non pour la réussite du processus de redressement du pays face à cette crise, sachant qu'en réalité, cet objectif légitime ne saurait être réalisé sans la conjugaison des efforts communs des autorités publiques et des partenaires sociaux dans un climat empreint de confiance, d'entraide et de complémentarité dans le travail". "Le Gouvernement veille à s'acquitter pleinement de son rôle dans la lutte contre cette pandémie et réaffirme son engagement à protéger les postes d'emploi et les capacités de production nationale, à travers la protection des travailleurs et entreprises publiques et privées, en cette conjoncture difficile", a soutenu M. Djerad. Il a fait savoir, tout de même, que les mesures préventives pour endiguer la propagation de le COVID-19 avaient occasionné un grand préjudice à l'économie nationale, tout en se disant profondément convaincu des capacités du pays de surmonter cette crise. Pour tenir informé de la pré-évaluation des dégâts, le ministre des Finances, Aymen Benabderahmane a présenté le rapport de la commission interministérielle, supervisée par le ministère des Finances, consacré à cet effet. Lire aussi: Installation d'une Commission de sauvegarde chargée d'évaluer les incidences causées par le Covid19 Les plus importants chiffres relatifs aux pertes subies du fait de la Covid-19 reviennent aux secteurs du transport, du tourisme, de la restauration, de l'hôtellerie et de l'énergie. La compagnie aérienne Air Algérie a enregistré, à titre d'exemple, des pertes de l'ordre de 16,31 milliards de DA durant les deux mois mars et avril, tandis que les hôtels privés et les agences de tourisme et des voyages ont relevé quelque 27,3 milliards de DA, contre 12,07 milliards de DA pour les activités artisanales, 20 milliards de Da pour la Société nationale de commercialisation et de distribution de produits pétroliers (Naftal) ou encore 6,5 milliards de Da pour le groupe Sonelgaz. Face à cette situation, plusieurs propositions formulées lors des séances de travail ont été soulevées par les opérateurs économiques et inclues dans le rapport. Il s'agit de mesures d'allégement fiscal et parafiscal, dont la suspension des charges sur les entrepreneurs durant la période de contamination, de facilitations bancaires en faveur des entreprises, dont l'octroi de crédits avec des taux soutenus, l'exonération d'intérêts pendant 6 mois et la facilitation d'obtenir des crédits d'exploitation au profit des entreprises, au cas par cas, avec 0 intérêt. Les propositions incluent également des mesures liées aux marchés publics dont la libération des dettes des entreprises de réalisation, la suspension des pénalités de retard, en sus des mesures ayant trait au versement des salaires des travailleurs confinés, à l'instar de la prorogation de l'éligibilité de l'assurance chômage au profit des professionnels libéraux et salariés des sociétés à l'arrêt. Ont été adoptées également des mesures de soutien et de relance économique, y compris la création du Fonds d'aide aux micro et moyennes entreprises en difficulté. Le rapport a fait ressortir, par ailleurs, les multiples décisions jusque-là prises visant à alléger les retombées de la pandémie sur l'économie nationale, précisant qu'une enveloppe de 65,53 milliards de Da a été allouée à la lutte contre la Covid-19. Ce montant englobait 12,85 mds de Da affectés à l'acquisition des moyens de protection, 24,39 mds de Da aux indemnités exceptionnelles au profit des agents de l'Etat, outre les dotations affectées à l'allocation des familles démunies et impactées, y compris l'opération de solidarité "Ramadhan 2020", estimées à 24,7 mds de Da, ou encore le montant consacré à l'aide et au rapatriement des citoyens de l'ordre de 3,32 mds de Da. Les partenaires sociaux et les opérateurs économiques ont salué, lors de cette rencontre, la mise en place d'une commission de sauvegarde, prônant l'entraide entre les différentes parties au service de l'intérêt général. De même qu'ils ont mis l'accent sur l'impératif de tirer profit de cette occasion pour revisiter, voire relancer le système économique à partir de nouveaux départs.