Les autorités marocaines sont pointées du doigt pour l'utilisation d'accusations à caractère sexuel en vue de faire taire des voix dissidentes, des journalistes notamment, indique une tribune parue lundi dans le Washington post. Le quotidien américain qui relate le témoignage de la journaliste marocaine en exil, Afaf Bernani, met la lumière sur "l'avenir troublant" pour la liberté d'expression au Maroc. "La violence à caractère sexuel (...) reste une triste réalité au Maroc. Pourtant, en ciblant de manière sélective des journalistes indépendants, le régime marocain envoie un message inquiétant aux victimes, selon lequel, les seules accusations qu'il souhaite prendre en compte sont - simplement -celles visant des opposants au régime en place. Non seulement cela banalise la violence sexuelle, mais cela annonce un avenir troublant pour la liberté de la presse au Maroc", s'est exprimé la journaliste dans le journal américain. "Bien que les agressions et abus de toute nature soient odieux et méritent toujours une enquête sérieuse, il y a de bonnes raisons de croire que de telles allégations sont exploitées à des fins politiques", a-t-elle estimé, puisque, elle-même avait vécu cela. Elle témoigne que sa vie a été bouleversée le 24 février 2018, lorsqu'elle a été convoqué par la police suite à l'arrestation de Taoufik Bouachrine, journaliste et rédacteur en chef du quotidien indépendant Akhbar al-Yaoum. Tout au long de ce processus, qui a abouti à la condamnation de Bouachrine et à la peine de 15 ans de prison, "j'ai enduré de multiples formes de harcèlement et de torture psychologique", a-t-elle affirmé. "A aucun moment de cette épreuve, ( ), Je n'ai cru que le régime marocain agissait dans mon intérêt. Au contraire, je me suis retrouvé plongé dans un processus juridique douteux qui m'a privé de mon libre arbitre et de ma dignité. C'est dans ces circonstances que j'ai fini par décider de fuir mon pays d'origine, loin de ma famille et de mes proches". Comme Bouachrine, le 29 juillet, les autorités marocaines ont arrêté le journaliste d'investigation Omar Radi après plus d'un mois d'enquête sur des allégations selon lesquelles il aurait collaboré avec des agences de renseignement étrangères. Le jour de son arrestation, le procureur a annoncé que Radi faisait également face à des accusations de viol. Radi fait désormais partie de plusieurs journalistes indépendants que les autorités marocaines a accusés d'atteinte à la pudeur. L'ONG Amnesty International a dénoncé récemment la campagne de dénigrement orchestrée par le gouvernement marocain contre son bureau à Rabat après les révélations sur l'utilisation d'un logiciel israélien pour espionner le journaliste militant Omar Radi. Dans une enquête rendue publique le 22 juin dernier, Amnesty International a affirmé qu'un logiciel de la firme israélienne NSO, avait été utilisé par les autorités marocaines pour espionner le journaliste Omar Radi en janvier. L'organisation a découvert que le téléphone d'Omar Radi avait été la cible de plusieurs attaques au moyen d'une nouvelle technique sophistiquée permettant d'installer de façon invisible Pegasus, logiciel espion produit par la firme NSO Group. Le Maroc qui a nié ces accusations confirmées, a mené ces derniers temps une campagne calomnieuse contre l'ONG pour la discréditer, rappelant la suspension de leur coopération. Amnesty International a indiqué récemment avoir envoyé une lettre au gouvernement marocain, confirmant les résultats de son enquête et fournissant des détails supplémentaires sur sa méthodologie.