Le journaliste et militant marocain Omar Radi, espionné par les autorités de son pays via un logiciel israélien, a réagi samedi aux accusations du gouvernement marocain sur sa collusion présumée avec un service de renseignement étranger, dénonçant une campagne de "salissage" à son encontre. Dans un communiqué rendu public, le journaliste dit avoir pris avec "stupéfaction et incrédulité l'objet de l'enquête, dont il fait l'objet ". Jeudi, le gouvernement marocain a affirmé qu'Omar Radi, sans le nommer, a été soumis à une enquête judiciaire pour "atteinte à la sécurité de l'Etat, en raison de ses liens présumés avec un officier de liaison d'un pays étranger". Quelques heures après ces déclarations, le militant a subi une avalanche d'accusations portées par des médias proches du palais visant à le discréditer dans le sillage de l'enquête édifiante publiée le 22 juin par Amnesty international sur sa mise sur écoute par les autorités marocaines. Un de ces relais médiatiques évoque une collusion présumée avec un officier des renseignements britanniques. "Depuis plusieurs semaines, une campagne de lynchage et diffamation est orchestrée par plusieurs médias électroniques contre moi. En décembre dernier, j'ai été placé en détention pour un tweet. Je me retrouve désormais à devoir répondre à des accusations ubuesques. Jusqu'où ira cet acharnement", s'est interrogé ce fervent détracteur du bilan des droits humains au Maroc. Il a précisé que dans le cadre de cette enquête menée par la BNPJ (la brigade de la police judiciaire au Maroc), il avait répondu à deux convocations, les 25 juin et 2 juillet 2020, soulignant qu'aucune question sur un supposé agent de renseignement ne lui a été posée. Lire aussi: Amnesty répond au Maroc, lui rappelle son sinistre bilan des droits de l'homme "Je ne suis ni un espion, ni un agent à la solde d'agendas extérieurs. Ces attaques salissent ma réputation et mon honneur, elles sont sans fondement, et je dispose de tous les moyens pour me défendre", a-t-il affirmé. Peu avant la réaction d'Omar Radi, Amnesty international avait dénoncé samedi une campagne de dénigrement orchestrée par le gouvernement marocain contre son bureau à Rabat après des révélations sur l'utilisation d'un logiciel israélien pour espionner le journaliste. L'ONG a découvert que le téléphone d'Omar Radi avait été la cible de plusieurs attaques au moyen d'une nouvelle technique sophistiquée permettant d'installer de façon invisible Pegasus, logiciel espion produit par la firme israélienne NSO Group. Acculé au mur, le gouvernement marocain a tenté de repousser ces accusations confirmées. Des sources gouvernementales qui se sont confiées à des médias marocains évoquent une prochaine fermeture du bureau d'Amnesty à Rabat, rappelant au passage la suspension de leur coopération avec l'ONG. Amnesty international avait indiqué, dans la foulée, que "ce n'est pas la première fois que des efforts sont déployés pour saper le travail d'Amnesty" au Maroc, soulignant que ces attaques "coïncidaient avec une répression croissante" dans le pays. "Des dizaines de militants des droits de l'Homme, de journalistes indépendants et de manifestants sont actuellement en prison", a dénoncé l'Organisation avant de déplorer une obstruction aux activités de son bureau à Rabat. Les autorités marocaines ont un lourd passé dans l'instauration de mesures punitives pour détourner l'attention de leur sombre bilan en matière de droits humains, a rappelé l'ONG.