Les participants à la vidéoconférence, organisée mardi à Genève par le groupe de soutien au Sahara occidental, ont lancé un appel appuyé à l'ONU pour accélérer la tenue d'un référendum d'autodétermination au Sahara Occidental occupé. La conférence intitulée " 60ème anniversaire de la résolution 1514 de l'ONU : son application au Sahara Occidental", a vu la participation d'un panel de haut niveau, dont notamment le président de la République arabe démocratique sahraouie démocratique (RASD), Brahim Ghali, la vice-Premier ministre de la Namibie, Nandi-Ndaitwah, le chef de la diplomatie de Timor-Est, Xavier Reis Magno et la représentante de l'Afrique du Sud à Genève, Mxakato-Diseko. Ont pris part également à cette rencontre, Francisco Bastagli, ancien Représentant spécial du SG de l'ONU et ancien chef de la Minurso, l'eurodéputé Barrena Arza, et le président de la Commission sahraouie des droits de l'homme. "La conférence a été l'occasion pour les participants de réaffirmer leur soutien fort et sans faille au peuple sahraoui pour l'exercice de son droit à l'autodétermination", se félicite le groupe de soutien de Genève dans un communiqué. Lire aussi: Sahara occidental: l'ONU doit fixer une date pour le référendum d'autodétermination Ils ont dénoncé aussi "les manœuvres multiples et récurrentes visant à reporter indéfiniment le référendum d'autodétermination", notant que l'Assemblée générale de l'ONU avait demandé à l'Espagne de tenir cette consultation populaire en 1966. Intervenant à cette rencontre, Nandi-Ndaitwah, vice-Premier ministre namibienne, a déclaré que l'ONU était en mesure de tenir ce référendum, indiquant aussi que l'Assemblée générale ne pouvait "garder son attitude expectante, car l'inaction ou l'action indécise perpétue le statut quo illégal et encourage la puissance occupante à poursuivre ses violations des droits de l'homme sur le territoire". De son côté, le chef de la diplomatie de Timor-Est, Xavier Reis Magno, a réaffirmé le soutien constant de son pays au peuple sahraoui dans sa lutte pour la liberté, précisant que les Est-Timorais ont mené une lutte similaire à celle des Sahraouis pour accéder à l'indépendance. Tout en exprimant ses regrets quant à l'échec de l'ONU à mener ce référendum, le ministre a encouragé le Haut-commissariat aux droits de l'homme d'"accorder l'attention nécessaire au territoire du Sahara occidental". Passer outre le colonialisme marocain "trahirait les valeurs africaines" Mxakato-Diseko, Représentante permanente de l'Afrique du Sud à Genève, a rappelé que "l'AG de l'ONU avait adopté une série de résolutions réaffirmant la légitimité des luttes de libération par tous les moyens disponibles, y compris la lutte armée". A cet égard, l'Ambassadrice, a appelé à "une solidarité internationale accrue avec le peuple du Sahara occidental". Pour sa part, M. Ngabirano (Coordonnateur national du groupe de réflexion panafricain en Ouganda), a souligné que "toute tentative d'accepter le colonialisme marocain au Sahara occidental trahirait les valeurs africaines". D'autre part, l'eurodéputé espagnol, Barrena Arza, a mis l'accent sur la responsabilité historique de l'Espagne dans le processus de décolonisation au Sahara occidental et celle de l'Union européenne dans l'application des décisions de la Cour de justice de l'UE (CJUE). En effet, la Cour avait conclu en 2016 que le Sahara occidental est un territoire "distinct et séparé" du Maroc. Par ailleurs, Bastagli, (ancien représentant spécial du SG de l'ONU) au Sahara occidental (2005 à 2006), a relevé le monopole des principaux pouvoirs à l'ONU et au Conseil de sécurité en particulier, où aucun pays africain n'a de siège permanent. Lire aussi: Ghali : les Sahraouis déterminés à défendre leurs droits légitimes A ce titre, Bastagli a invité les pays africains à demander à rejoindre le "Groupe des Amis du Sahara Occidental", composé de quatre membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU (Etats-Unis, Russie, Royaume-Uni et la France) en plus de l'Espagne. Il a fait savoir qu'"un groupe alternatif à New York, tel celui créé à Genève, devrait inviter les pays attachés aux principes de l'ONU à se joindre et à s'engager dans les discussions sur l'autodétermination du Sahara occidental". Bastalgui a également souligné que "la question devrait être soulevée au niveau d'autres organes des Nations Unies, comme l'Assemblée générale et au niveau d'autres commissions relevant de cet organe central". A la fin de la conférence, le Président Ghali a réaffirmé qu'avec le consentement tacite du Conseil de sécurité, le Maroc ignore constamment la légalité internationale et, par conséquent, le Front Polisario n'a d'autre choix que de reconsidérer son engagement dans le processus politique sous sa forme actuelle où la mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso), devient progressivement un outil de consolidation du colonialisme marocain au lieu d'y mettre fin. Il a en outre soutenu qu'il n'y a pas de solution, ni aujourd'hui ni demain, sans passer par la consultation du peuple sahraoui, détenteur exclusif du droit de décider du statut final de son pays. "Toute vision en dehors de ce cadre sera vouée à l'échec car elle est illégale et donc rejetée par le peuple sahraoui", a-t-il insisté.