Le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a appelé lundi le Conseil de sécurité de l'ONU à "hâter" la nomination d'un envoyé spécial pour la Libye et l'a exhorté à veiller sur le respect de sa décision sur l'embargo sur les armes. "J'appelle le Conseil de sécurité à veiller à ce que sa propre décision liée à l'embargo sur les armes, tel qu'énoncé dans les conclusions de Berlin, soit pleinement respectée. Soutenir le processus dirigé par l'ONU signifie, au préalable, respecter l'embargo sur les armes et ne pas envoyer de mercenaires (en Libye)", a déclaré M. Boukadoum dans son intervention lors de la réunion ministérielle sur la Libye qui s'est tenue lundi par visioconférence. M. Boukadoum a, en outre, souligné que "la responsabilité du Conseil de sécurité consiste également à hâter la nomination d'un envoyé spécial" en Libye. "Nous avons maintenant besoin d'une action du Conseil et des membres de Berlin et nous avons besoin de résultats rapidement. L'Algérie et le long des pays voisins de la Libye, ne peuvent pas se permettre une crise persistante", a-t-il encore souligné avant d'ajouter :"Nous devons le succès et la paix au peuple libyen. Nous devons relancer le processus politique. C'est notre responsabilité. L'Algérie entend y adhérer pleinement". Lire aussi: Crise en Libye : la position de l'Algérie en faveur d'une solution politique réitérée Réitérant que la solution à la crise libyenne doit émaner des Libyens eux mêmes, le chef de la diplomatie a insisté que cette solution "doit préserver la sécurité, l'unité et la souveraineté de la Libye". "A cet égard, nous avons vivement salué le cessez-le-feu et nous continuons d'appeler et d'agir pour son respect. Nous demandons en même temps la reprise rapide du dialogue politique inclusif", a-t-il poursuivi. A cet effet, "nous appelons tous les frères libyens à s'engager dans ce dialogue. Faire la paix entre tous les Libyens n'est pas un objectif impossible. Il est grand temps de démontrer que l'intérêt suprême de la Libye prévaut sur toute autre considération", a encore dit M. Boukadoum en réitérant le "soutien ferme" de l'Algérie à la Libye, "un pays frère voisin". Par ailleurs, M. Boukadoum a salué la réouverture partielle des installations pétrolières et la reprise des exportations en tant que première étape pour apporter une aide à la population et à ses besoins essentiels en temps de pandémie du Covid-19. Les initiatives contradictoires attisent le conflit Il a fait savoir dans ce contexte que "l'Algérie a envoyé une équipe d'ingénieurs pour remédier à la pénurie d'électricité à Tripoli causée par des pannes répétées dans la centrale électrique principale près de Tripoli". Le chef de la diplomatie algérienne, Sabri Boukadoum, a également pointé dans son intervention les "initiatives contradictoires" pour le règlement de la crise en Libye, qui selon lui, alimentent le conflit plutôt que de le résoudre. "Il est cependant évident que nous ne pouvons pas soutenir un conflit persistant, avec de multiples initiatives contradictoires qui alimentent le conflit plutôt que de le résoudre et qui ne s'inscrivent pas dans le cadre du processus de Berlin et des principes convenus à la Conférence de Berlin", a-t-il déclaré. Lire aussi: Libye: les efforts se multiplient pour une sortie de crise Il a expliqué que depuis la conférence de Berlin, l'Algérie s'était "fermement engagée à soutenir le processus en mettant de côté ses propres efforts qui étaient recherchés et réclamés par tous les Libyens", en déclarant qu'elle "restera engagée à faire de son mieux pour une solution constructive à travers le processus de Berlin, soutenu par le Conseil de sécurité, et pour un dialogue politique inclusif et une appropriation" par les libyens du processus du règlement de la crise. "Les Libyens doivent résoudre leurs problèmes par le biais des bulletins de vote et non par des balles", a-t-il insisté. Une visioconférence regroupant les pays ayant participé à la Conférence de Berlin sur la Libye, dont l'Algérie s'est ouverte lundi au niveau ministériel afin de renouveler l'engagement en faveur d'une solution globale qui permettrait le retour à la paix dans ce pays en proie à des troubles depuis 2011. La visioconférence se tient en marge de la 75e session de l'Assemblée générale des Nations Unies sous la conduite du ministre des Affaires étrangères allemand, Heiko Maas, et le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.