Le chef de file de la diplomatie algérienne a affirmé que la demande de médiation algérienne émane de toutes les parties libyennes, accordant à Alger "une grande confiance" pour le règlement de ce conflit vieux de neuf années. L'Algérie abritera prochainement les pourparlers interlibyens, sous l'égide de l'ONU, en vue d'un règlement politique de la crise libyenne, a affirmé, hier, le chef de file de la diplomatie algérienne, Sabri Boukadoum, sans toutefois préciser de date. Invité du forum du quotidien Echaâb, le ministre des Affaires étrangères a assuré que "toutes les parties libyennes en conflit ont demandé la médiation algérienne", précisant que cela est le résultat de la grande "confiance qu'accordent les parties en conflit à l'Algérie, pour la remise sur les rails du processus politique" en panne depuis le lancement, par le général à la retraite, Khalifa Haftar, de l'opération militaire à la conquête de Tripoli, le 4 avril 2019. "L'Algérie ne court derrière aucun intérêt économique, pétrolier ou autre. La question libyenne relève pour notre pays de la sécurité nationale et régionale", a ajouté le ministre des Affaires étrangères, tout en soutenant que "le dialogue reste la seule voie de salut pour dépasser les divergences en place et aboutir à une résolution sérieuse de ce conflit vieux de neuf années". L'initiative algérienne pour le règlement de ce conflit, poursuit le ministre algérien, s'inscrit dans le cadre des "efforts diplomatiques sans relâche" de l'Algérie, en vue de trouver une solution définitive aux "souffrances du peuple frère libyen avec qui notre pays partage, en plus de l'espace géographique commun, une vieille relation historique, remontant à la période coloniale durant laquelle la Libye n'a jamais cessé de soutenir notre pays dans sa marche vers l'indépendance". M. Boukadoum a, par ailleurs, indiqué que les efforts de l'Algérie entrent dans le cadre des "orientations du président de la République, Abdelmadjid Tebboune qui a proposé à la Conférence internationale de Berlin sur la Libye, en janvier dernier, l'accueil par notre pays de ce dialogue", et dont les préparatifs, a assuré le diplomate algérien, sont en très bonne voie. "Nous sommes en contact permanent avec les Libyens. Nous ne tournons le dos à aucune partie", a-t-il assuré, précisant que l'Algérie s'est tenue à "équidistance" de tous les acteurs libyens, ce qui lui vaut aujourd'hui la confiance de toutes les parties en conflit. "J'ai personnellement rencontré les différents acteurs libyens et je peux vous assurer qu'ils comptent énormément sur l'influence et la sagesse algériennes quant au règlement de ce conflit", a dit le ministre des Affaires étrangères, en rappelant que "le cessez-le feu entre les belligérants, de février dernier, a été signé ici à Alger", contrairement à ce qui a été rapporté par les médias étrangers. Lors de son intervention, le ministre des Affaires étrangères a déploré une nouvelle fois les interventions étrangères en Libye dont le niveau a atteint, selon lui, des proportions alarmantes. "Nous sommes face à une ‘somalisation de la Libye', en raison de la multiplicité des intervenants étrangers sur le terrain libyen", a-t-il affirmé, en ajoutant que ce pays est devenu aujourd'hui un "champ d'expérimentation pour un nouveau type d'armes comme les drones". À cela s'ajoute, a-t-il dit, "le nombre impressionnant des milices et autres mercenaires", employés par des sociétés étrangères, et dont l'implication directe sur le terrain militaire "n'a rendu que plus complexe l'équation libyenne, avec, en sus, le non-respect de l'embargo sur les armes en Libye par les différents acteurs internationaux". Sabri Boukadoum a réitéré à ce propos, le rejet par l'Algérie, "de toutes les interventions étrangères en Libye d'où qu'elles émanent". Karim Benamar