Plus de 24 millions d'électeurs sont appelés aux urnes ce dimanche pour se prononcer, par référendum, sur le projet d'amendement de la Constitution dans un contexte particulier marqué par la crise sanitaire provoquée par la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19). Compte tenu de cette crise sanitaire, l'Autorité nationale indépendante des élections (ANIE) a élaboré un protocole sanitaire spécial pour le référendum pour prévenir les risques de propagation de l'épidémie. Validé par le Comité scientifique de suivi de l'évolution du Covid-19, ce protocole fixe les étapes régissant l'organisation du référendum. A titre d'exemple, l'accès à l'intérieur du bureau de vote n'est autorisé que pour deux ou trois personnes à la fois et un dispositif de désinfection sera mis en place. Les portes des bureaux de vote seront ouvertes à 8 heures et closes à 19 heures, et le scrutin ne durera qu'un jour, conformément à l'article 32 de la loi organique relative au régime électoral. Toutefois, la même loi stipule que la date d'ouverture du scrutin peut être avancée de 72 heures dans les zones éloignées et de 120 heures pour la communauté nationale établie à l'étranger, pour faciliter le vote des électeurs "exclusivement" visés par ces dispositions. Comme lors de l'élection présidentielle du 12 décembre 2019, l'organisation et la gestion du référendum sur le projet d'amendement de la Constitution relèvent des prérogatives de la seule l'ANIE qui a vu son statut et ses missions constitutionnalisés dans le projet de révision de la Constitution. Son président, Mohamed Charfi, a indiqué samedi que l'Autorité veillera à assurer "l'intégrité et la régularité" du scrutin, à travers le déploiement de 90.000 membres relevant de son secrétariat, sur un total de 438.000 encadreurs présents au niveau des 61.000 bureaux de vote. Il a affirmé que toutes les conditions matérielles et sanitaires de prévention contre le Covid-19 sont réunies pour permettre au Algériens d'accomplir leur devoir électoral. Le chef d'état-major de l'Armée nationale populaire, le général de corps d'armée Saïd Chanegriha, a, pour sa part, instruit la Gendarmerie nationale, en coordination avec les autres corps de sécurité, de prendre toutes les mesures pour la sécurisation des centres et bureaux de vote, à travers les différentes régions du pays. L'amendement de la Constitution constitue un des principaux engagements électoraux du président de la République, M. Abdelmadjd Tebboune. Durant la campagne référendaire (du 7 au 28 octobre), chefs de partis politiques, représentants d'organisations de la société civile, syndicales et patronales et membres du gouvernement ont appelé lors de meetings et d'interventions dans les médias à un vote massif au référendum, mettant en avant la caractère crucial du scrutin pour la devenir du pays et pour jeter les bases d'une Algérie nouvelle. Le projet d'amendement de la Constitution, élaboré par un groupe d'experts en Droit constitutionnel, sur la base de 5.018 propositions d'amendement émanant de différentes franges de la société, a été adopté le 6 septembre en Conseil des ministres, avant de recevoir l'approbation des deux chambres du Parlement, successivement le 10 et le 12 du même mois. Lors de ce Conseil des ministres, le président de la République avait affirmé que le projet d'amendement constitutionnel "s'inscrit en droite ligne des exigences de l'édification de l'Etat moderne et répond aux revendications du Hirak populaire authentique béni". Les principaux contours de l'amendement de la Constitution portent sur la limitation du renouvellement du mandat présidentiel à une seule fois, la réduction des prérogatives du président de la République, pour prévenir les dérives autocratiques, la séparation et l'équilibre des pouvoirs.