Les violations des droits de l'Homme dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc se poursuivent contre civils, militants, journalistes, femmes et enfants, devant le silence de la communauté internationale qui vient de se renouveler par un énième refus de doter la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) d'un mécanisme de surveillance des droits de l'Homme. Au moins 59 détenus sahraouis sont actuellement dans des geôles marocaines dans des conditions inhumaines, selon le président de l'Association des familles des détenus sahraouis, Ammar Abdesselam. "Certains détenus croupissent dans les prisons marocaines depuis plus de dix ans, à l'instar de Naâma Asfari, Hafedhi Azza et Mohamed Lamine Abidine Heddi, alors que d'autres attendent, en vain, depuis plusieurs années la programmation de leur procès", a précisé M. Abdesselam dans une déclaration à l'APS. Outre l'emprisonnement des Sahraouis, l'occupant marocain s'adonne à toutes autres formes de répression, à l'image du viol, l'intimidation et la torture, s'accordent à dire de nombreuses ONG. Dans le lot des victimes, les cas de l'enfant Mustapha Marzouk et de la militante Sultana Khaya dépassent l'imagination. "Après l'avoir (Mustapha Marzouk) arrêté au cours d'une manifestation pacifique pour dénoncer l'arrestation arbitraire de la militante Sultana Khaya, des policiers marocains l'ont torturé pendant trois jours avant de verser sur lui du plastique fondu bouillant et le suspendre au plafond", a rapporté récemment l'ONG Amnesty International (AI). Lire aussi: Journée du prisonnier sahraoui: les mauvaises conditions d'incarcération dénoncées Dans le cas de la militante Sultana Khaya, les autorités marocaines ont procédé plutôt à "un châtiment en famille". "Le 12 mai dernier, des policiers marocains masqués sont entrés dans la maison de Khaya et l'ont battue et tenté de la violer avant d'attaquer et de violer sa soeur", a rapporté AI, notant que toute la famille de Sultana Khaya "se trouve encore sous résidence surveillée". Selon des associations sahraouies, les violations des droits de l'Homme et les actes de répression se sont multipliés et durcis depuis la reprise de la lutte armée le 13 novembre 2020 entre le Front Polisario et le Maroc, suite à l'agression militaire de ce dernier contre des civils sahraouis à El-Guerguerrat. Les Sahraouis sont soumis depuis cette date à "un véritable blocus militaire qui leur interdit de se réunir, se déplacer ou manifester pacifiquement", d'après l'Association sahraouie aux Etats-Unis (SAUSA). "Les villes sahraouis subissent, en sus du blocus militaire, une situation économique intenable", a fait observer la SAUSA dans son récent rapport. Le silence de la communauté internationale se prolonge L'inaction et le silence de l'ONU et du Conseil de sécurité face aux violations des droits de l'Homme dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc, au grand dam des Sahraouis, se sont prolongés après le refus du Conseil de sécurité de doter la Minurso d'un mécanisme de surveillance des droits de l'Homme, en dépit de nombreux appels émis la veille de sa réunion par les autorités sahraouies et des ONG dans ce sens. La dotation de la Minurso d'un mécanisme des droits de l'Homme est, selon AI, doublement urgente. Dans une lettre envoyée au président américain, Joe Biden, et aux membres permanents du Conseil de sécurité, l'ONG a indiqué que "la dotation de la Minurso d'un mécanisme des droits de l'Homme est une évidence, compte tenu du fait que la Minurso reste l'une des rares Missions modernes de l'ONU sans un mécanisme de surveillance des droits de l'Homme et au regard du refus du Maroc de permettre aux observateurs de rentrer dans les territoires sahraouis occupés pour accomplir leur mission". "Le Maroc poursuit son occupation et sa politique répressive en raison du silence et de l'inaction de l'ONU et du Conseil de sécurité", a témoigné le président sahraoui et secrétaire général du Front Polisario, Brahim Ghali. "Le Conseil de sécurité doit abandonner ses anciennes méthodes et opter pour une nouvelle approche en phase avec les nouvelles donnes que connaît le conflit sahraoui", a plaidé M. Ghali dans une lettre envoyée au SG de l'ONU. Pour leur part, le Groupe de soutien et de la protection des droits de l'Homme au Sahara occidental (Groupe de Genève) et la Fondation américaine RF Kennedy ont mis l'accent sur l'urgence de doter la Minurso dudit mécanisme afin de mettre fin aux pratiques inhumaines de l'occupant marocain.